Sarah poussa la porte avec curiosité. Oui, curiosité. Savait-elle que les archives étaient théoriquement un lieu sacré, une terre interdite aux impies dont elle faisait partie? Absolument... pas. Elle était arrivée il y a peu. Et avant de prendre possession de son territoire, il faut toujours commencer par reconnaître le territoire à conquérir! Elle avait donc commencé son premier jour à explorer tout le rez de chaussée, forçant deux ou trois serrures lorsqu'elles étaient fermées, sympathisant avec les placards à balais, découvrant dans hector 8 (le 8° placard) une araignée aussi grosse que son poing avec laquelle elle avait tout de suite commencé à discuter. Arachna 1 était adorable. Bon, un peu venimeuse considéré le cadavre qu'elle mangeait progressivement. La partie droite de son visage avait été grignotée, mais la gauche elle exprimait un masque de souffrance pure matinée de surprise. Très importante la surprise, elle permettait dans son analyse du repas d'Arachna 1 que la jeune fille à huit pattes et le même nombre d'yeux n'avait pas été impatiente au point de commencer son repas sans même attendre que sa proie daigne enfin pousser son dernier soupir. Mort foudroyante. Poison.

A la fin de ce passionnant entretien ponctués de gloussements et de claquements de mandibules, Sarah était ressortie de hector 8 couverte de toiles d'Arachna 1, et avec dans sa poche un flacon couvert du venin que la brave petit lui avait offerte. Un produit très intéressant s'il en est... Elle avait, et elle l'avouait clairement, pour but d'essayer de mettre au point une chaîne de stylo à encre venimeux qui intoxiqueraient le ou la première qui mordrait les capuchons, ou bien qui diminuerait sa vitesse d'écriture, passant en dessous du seuil minimal des 3 pages par minute.
Après le rez de chaussée, le troisième étage fut exploré le deuxième jour. Pourquoi pas deux après un? Parce que c'est un peu trop prévisible de compter dans l'ordre. Le troisième jour, elle explora le sixième, le quatrième vit le tour du second, tandis que le cinquième prenait en charge le premier, et enfin, le sixième, elle attaqua le cinquième.

Déambulant joyeusement dans les couloirs, elle ouvrait les portes au hasard en chantant "Soledad", de Mano Negra. Ce n'était jamais la porte suivant celle qu'elle avait choisit. Ne jamais faire les choses dans l'ordre. Cependant, elle parvenait par un miracle douteux à ne jamais visiter deux fois la même pièce.

Mais l'appel du papier s'était rapidement fait sentir. Là! Derrière cette porte, il y avait des papiers de partout. Mais ce n'était pas le pire. En effet, papiers il y avait, mais il y avait surtout des papiers rangés!! Ainsi, découvrant l'immense salle pleine de cartons que représentaient les archives, elle sut ce qu'elle devait faire!

-Ah... Babel... Fit elle en frottant sa joue contre la porte métallisée d'une armoire.

La seconde d'après, elle sortait son parfait kit pour cambrioleurs des profondeurs de son jupon, et le temps de dire "délit" d'un air outré, la stagiaire avait déjà ouvert la porte. Et ni une ni deux, elle la renversa, déversant allègrement tous les papiers qui la contenaient au sol en s'écriant d'un air sauvage et sanglant:

-BABEL JE TE LIBERERAIS!!!!!

Son méfait accomplit, elle attaqua l'armoire à côté de celle qu'elle venait de forcer à relâcher ses petits enfants bien aimés, tout en chantonnant doucement joyeusement.

-Vous verrez, mes jolies, je viendrais tous les jours, et je vous apporterais plein d'amies! Oh, vous allez être si belles lorsque vous serez assez grandes pour essayer de manger maman~

Babel. Pourquoi Babel? Qui avait crié ainsi? Un fanatique religieux délirant quelque part dans le cinquieme étage de la WaldonCorporation? Armé d'un long couteau et taché du sang des infidèles? Si c'était le cas, Eire n'avait rien à craindre: éducation chrétienne il subit, à la messe tous les dimanches il alla, les livres religieux il apprit, et il lu même en cachette la bible des autres communautés religieuses ou même des sectes peu connues, lectures lui ouvrant une culture religieuse importante, en plus de sa culture générale de parfait gentleman pouvant tenir tout une discussion sur divers sujets non-stop dans une mesure de 10Heures, avec bien sûr un buffet non loin, une coupe de champagne et une musique d'ambiance.
Bon, là, si il devait tenir 10Heures à papoter avec le fanatique criminel qui hantait cet étage, ça allait tout de suite moins bien aller, mais après tout, ce sont les dangers et les obstacles qui forment l'homme et les échecs qui ponctuent la vie. Vous en croyez-pas?...
Eire regarda à droite et à gauche et tendu l'oreille. Une nouvelle phrase des plus étranges retentis à quelques mètres de lui à peine, et il trouva la provenance exacte.
Curieux et n'ayant rien à faire, il poussa une porte, entra dans la pièce, et vit effectivement une jeune fille renverser avec une sorte de folie des milliards de dossiers, comme si elle s'était autodéclarée comme l'exorciste du monde; et apparement de la Salle des Archives en priorité.
L'adolescent resta de marbre, s'arrêta.

" ... Excusez moi? "

Sarah en était à son grand rassemblement, la Grande Libération, le Grand moment de Grande libération. Oui, elle voyait tout en grand, et avec un G majuscule je vous prie, mais que voulez vous, on est ambitieux ou on ne l'est pas. Sarah pour sa part l'était bien, et peut être même un peu trop parfois. Ce qui ne l'empêchait pas d'être efficace, et encore vivante soit dit en passant. Lorsqu'on allie l'utile à l'agréable, qu'est ce qu'on peut demander de plus? Rien. Rien du tout, n'est ce pas. Sans doute. Avec ou sans, quelle importance après tout? Sarah fait ce qu'elle veut, ce qu'elle estime utile, ou inutile parfois sans se soucier de l'avis des autres, ou de leur fragilité même parfois. En fait, elle s'en fout de tout, sauf de ce qui ne la touche pas personnellement, ou bien ses Babels bien aimées, ou bien son travail si sacré. Lorsqu'on sortait du contexte de la sainte trinité, rien d'autre ne pouvait avoir la moindre foutue importance. La logique Perkinsienne est implacable, encore et toujours, et ce à jamais. Quoi qu'il en soit, notre chère Grande et Immense Bordélatrice en était actuellement à exulter, ensevelie jusqu'aux chevilles de papiers, et autres dossiers et cartons. Le bordel est toujours jouissif, que voulez vous. Pas pour les maniaques, d'accord, mais pour les autres, personnes, il l'est. Si si, parfaitement. Vous n'avez jamais eut cette pulsion, vous? Alors que les parents vous harcèlent pour tout ranger, alors que rien ne dépasse chez vous, de tout prendre, et tout envoyer en l'air, tout faire voler dans une pulsion exutoire de violence et d'irraisonnée folie jusqu'à n'avoir que désordre et destruction? Ces pulsions résident en chaque être, il suffit juste de les écouter de temps à autre. Bref, elle prenait bien son pied en admirant son œuvre (une ou deux minutes, voire un quart d'heure d'auto congratulation n'ont jamais tué qui que se soit, sauf si c'est en plein milieu d'une bataille, ou dans une arène, certes) lorsqu'on odieux petit sycophante OSA pénétrer dans le tout nouveau sanctuaire qu'elle était en train de consacrer SANS MÊME POUSSER UNE EXCLAMATION D ADMIRATION TEINTÉE DE RESPECT! Non mais où va le monde, je vous le demande bien. Dans son sens, certes. Sarah toisa l'inconnu, avant de subitement lui sauter au cou et frotter sa joue contre la sienne.

-Oui, je t'excuse, petit cloporte!

Oui? Ben quoi. Il avait bien dit de l'escuser, non? Sarah n'est pas contrariante. On lui dit "excusez moi", elle excuse, un point c'est tout. Mettant fin à ces triviales, et inutiles, effusions d'affection, elle se recula, et ébouriffa les cheveux du nouveau venu.

-Tu tombes bien, toi!! J'ai besoin d'aide pour libérer Babel!!

Ah, ca pour sûr, elle ne démord pas de son idée, la petite Sarah. Sans laisser le temps à son complice enrôlé de firce, elle le tira à sa suite, et le posa face à une armoire fermée par un cadenas à code.

-Je te laisse te charger de celui-ci, compagnon!!

Et sur ces paroles d'encouragement, elle partir crocheter la serrure de l'armoire d'à côté.

L'évidence est peut être parfois un peu dure à assimiler, mais là elle était trop flagrante pour ne pas comprendre ce qu'il se passait très exactement dans la tête de cette fille là. Elle était folle. Ou droguée, dérangée, pompette ou je ne veux pas savoir, restons en juste sur la crispation soudaine du garçon, ne sachant pas trop comment réagir face à... À ça, tout simplement. Devait-il fuir, prendre les jambes à son cou? Appeller la police ou la SPA? Bien évidemment, Eire était trop gentil pour cela et il savait que si la demoiselle insistait pour qu'il fasse quelque chose, il le ferait, sans trop réfléchir à ses actes. La preuve, il n'est plus puceau.
... Hehem.
....DONC NOUS DISIONS
que Eire était crispé et fixait la fille d'un air ni figue ni raisin, ne sachant pas où se mettre. Que faire fasse à une folle? Il fut un temps où sa mère l'aurait tiré par la main en disant séchement '' Ne fait pas attention à ces gens là, mon chéri, ils ne sont pas interressants. " mais aujourd'hui maman était pas là pour lui tirer la main. Que lui avait-elle mille fois dit de faire dans ce genre de situations? '' Ignore les mon bébé, ils ne sont pas comme nous et ils pourraient être méchants avec toi. " Fallait-il donc qu'il parte l'air de rien comme il était venu? C'était vraiment pas gentil. Et puis Eire était un grand garçon. Il n'avait plus besoin de sa maman. Et c'est surement tout ce bins là qui lui sert à présent d'argument pour la chose suivante qui se produisit peu après les paroles de la folle de Babel.
" Bien madame. " Et Eire regarda le cadenas à code en fronçant un peu le front. '' Faut-il être violent dans l'ouverture de ces armoires? "
Grand dieu, mon chéri, mon ange, mon petit Eire, que fais tu donc?

Sarah avait tout naturellement remarqué que l’Inconnu au Bataillon des Babels et Alliés Associés, autrement appelé le BBAA, magnifique association fondée depuis maintenant à la seconde près par la présidente, vice présidente, trésorière, chef d’escadron, publiciste et manager, ainsi que premier membre d’honneur, et accessoirement unique membre, j’ai nommé la grande, la belle, l’unique, la dérangée et fière de l’être Sarah Perkins, cet Inconnu, donc, ne semblait pas très emballé par le magnifique programme de Libération des Babels enfermées. Et pourtant, il est de notoriété publique qu’il FAUT libérer les pauvres babels. Pensez y… Les pauvres, enfermées, dans le noir, toutes effrayées de ne pas pouvoir voir le monde extérieur, de ne pas savoir à quoi ressemble la feuille avec laquelle elles avaient été enfermées au moment de leur mise en pack, la tristesse horrible de ne pas pouvoir savoir comment vont leurs autres petites congénères… Et cette affreuse rigidité de l’ordre. Toutes rangée, toutes classées, toutes droites… C’est un joug monstrueux, inhumain qui leur a été imposé, et au nom de les Droits Universels de la Feuille et de la Cartonnerie, il était de leur devoir de les libérer avant qu’il ne soit trop tard, et que le syndrome de Stockholm ne se mette en place. Des feuilles qui demandent à être rangées. Quelle horreur. Non, ca ne peut pas être. Ca ne doit pas être, et ca le sera. Mais par chance, sa recrue, bien que dubitative, semblait avoir bien comprit ce qu’elle voulait de lui, et ce qu’il fallait faire. Elle le vit donc s’approcher du moooooooooonstre détenteur de Babels, pendant que Sarah s’occupait de crocheter le suivant. Avec l’habitude, elle allait vite. Oui, l’habitude. Il faut parfois forcer les coffres forts pour récupérer l’argent nécessaire à l’achat de couvertures de survies, et de matériel d’escalade in-dis-pen-sables à la survie dans le secrétariat .

-Hmmmm ?

Elle releva la tête en regardant sa reccrue, et le cas du cadenas.

- Si il oppose de la résistance, bien sûr !

Comment croyez vous que les révolutions se font, hein ? La violence contre les récalcitrants !! Y a que ca de vrai, mes cocos ! Avec un cri de victoire absolue, Sarah parvint enfin à ouvrir son armoire. Elle casa son matériel de crochetage dans ses cheveux, les reconvertissant en pinces pour les cheveux, puis elle se mit à la renverser pour en libérer les feuilles.