Bosser ? Moi ? [libre, libre et je dirais même plus libre ^^]

Calypso se trouvait devant ce bureau ouvert aux quatre vents, un sac en bandoulière pendant aux côtés de ses bras. C'étaient donc là qu'elle allait devoir travailler ? La jeune fille n'en revenait toujours pas que l'on ai pu la prendre. Et encore moins pour un boulot sérieux ; je veux dire elle était stagiaire dans le secteur informatique et non pas euh ... bouffon qui sert à destresser les employés (avec l'argent qu'ils dépensaient pour payer une stagiaire, ils devaient pouvoir se permettre cela). Depuis quand on embauchait dans la section informatique les jeunes filles délirants sur le fait qu'elles pouvaient "communiquer" avec les machines ? Non pas qu'elle ait menti mais habituellement ceux qui lui faisaient passer les entretiens lui disaient :

"Mademoiselle si vous n'y connaissez rien en électronique ou en mécanique dites-le simplement plutôt que d'essayer de glisser cela de manière marrante alors que c'est profondément ridicule."

Ca c'était quand on ne la sortait pas.

Et elle avait signé ! Complétement abasourdie par cette nouvelle, elle avait signé le contrat qu'on lui tendait. Alors même qu'avant de venir à cet entretien, elle s'était dit que cette entreprise avait quelque chose de louche pour payer autant ses employés alors qu'elle était complétement inconnue. Évidemment Calypso n'avait toutefois pas lu le contrat. C'était la première fois qu'elle se trouvait face à un de ces documents, c'était à peine si elle ne s'était pas risquée à demander où il fallait signer.

Calypso secoua la tête. S'ils s'attendaient à la voir bosser, ils se fourraient le doigt dans l'oeil et puisqu'elle était dans la mouise jusqu'au cou -restons correct- elle avait décidé que son nouveau jeu serait : "combien de temps vous me gardez ?". En attendant elle comptait bien agir selon ses envies. De toute façon pour l'instant elle n'avait reçu aucune directive.

La jeune fille s'avança dans l'horrible bureau et étudia l'ordinateur qui trônait, ne jetant pas un regard à l'agrafeuse qu'elle poussa quelques instants plus tard pour y placer son ordinateur portable personnel à côté. Quelques petits arrangements à faire et tout serait parfait.

Quelques minutes à peine plus tard, le bureau été relégué dans un coin de la pièce qui n'était pas bien grande aussi il serait illusoire de penser que le bureau ne prenait qu'un angle de la pièce. Le peu d'espace ainsi libéré était à présent rempli pas un ensemble de fils reliant les deux ordinateurs, l'un posé directement sur le sol, et l'autre posé sur les genoux de la jeune fille qui avait ses éternels écouteurs sur les oreilles. Ah parce qu'elle ne vous l'avait pas dit ? De quoi ? Eh bien qu'elle ne supportait pas de travailler assise sur une chaise voyons.
En quelques minutes à peine, Calypso avait remanier tout le contenu de l'ordinateur de son bureau, elle l'avait défragmenté -action qui habituellement nécessitait l'autorisation de l'administrateur souvent un haut gradé- et viré tout ce que les précédent utilisateur avait pu mettre d'inutile dessus.
Une fois cela fait la jeune fille réfléchit à la première chose qu'elle pourrait faire ... par exemple elle pouvait s'amuser à changer tous les mots de passe que les administrateurs du réseau et les utilisateurs des différents ordinateurs se trouvant dans cette entreprise avaient mis ...
Cela serait un jeu d'enfant pour elle. En effet là où les gens ne voyaient qu'un écran, Calypso voyait toute la ramification du réseau de l'entreprise et s'y déplaçait pouvant observer le contenu de chacun de ces ordinateurs ... et éventuellement le modifier ... ou le supprimer.

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(surpriiiise ! =p C'est John qui m'a dit que je pouvais, c'est pas moi, c'ets lui ! !)

« Non, je ne vois vraiment pas.
- Oh, vous êtes malvoyante ? Demanda poliment Lucian, un trémolo d'admiration dans la voix.
- Non. Bon. Je ne sais pas, corrigea une délicieuse blonde toute vêtue de noir, où vous avez pu être assigné.
- Ah, très bien, merci... »

Imaginez un touriste. Tongs, bob, appareil photo, air niais et regard promeneur. Oui, oui, celui là même qui s'émerveille pour un rien, qui faut un « ooooh » d'admiration devant chaque bâtiment un tant soit peu stylisé et qui le prend en photo, tandis que l'habitant local se demande qui est cet hurluberlu qui photographie son garage. Maintenant, ajoutez un costume trois pièces, cravate, le tous repassés négligemment et avec encore quelque plis, mal rafraîchit et couleur un peu passée. Remplacez l'appareil photo par des papiers. Prenez plutôt l'air du touriste « oh-mon-dieu-mon-avion-est-dans-deux-heures-et-je-suis-perdu ! » et vous pourrez approximativement obtenir Lucian.

Ce dernier cherchait, stupidement, quelqu'un qui pourrait le renseigner. Son contrat ne semblait pas expliquer clairement son nouveau poste, si bien que confiant, il avait demandé (après s'être retrouvé bouche bée devant la merveilleuse fontaine -touriste, photo, garage, tout ça-) à la secrétaire du hall d'entré qui n'avait pas plus d'information pour lui. Si bien que maintenant, il se sentait malheureux et stupide : il était peut-être arrivé à l'heure, il n'empêchait qu'il ne savait plus où aller à présent. Et il s'imaginait très mal frapper à toute les portes en demandant « bonjour, c'est chez vous que je travaille ? ». Un peu découragé, il alla s'assoir à la fontaine, rangea ses documents dans une poche intérieur (les fameuses poches intérieur sans fond) et soupira en posant sa tête entre ses mains.

Ça n'allait pas du tout ça. Il allait se faire virer parce qu'il ne trouvait pas où bosser ? Il pouvait en faire, pourtant, des choses ! Là. Prenez cette petite bobine de fil qui trainait négligemment par terre... et bien Lucian pouvait parfaitement la ramasser pour éviter que quelqu'un ne marche dessus ou crie au désordre ! La preuve : le jeune homme se leva, approcha de la bobine bleue, se baissa pour la saisir, se redressa et là... l'impossible se passa.

Lucian éternua. Se faisant, la bobine s'échappa, laissant entre les doigts du nouveau un fil, et alla rouler quelque centimètre plus loin. Le jeune homme en fut encore plus découragé : visiblement non, il n'était même pas capable de ramasser une simple bobine. Il soupira et tira le fil, espérant attirer la bobine avec, mais cette dernière ne fit que se dérouler un peu plus en s'échappant encore de quelque centimètre. Il fit un pas, tira, elle se déroula et roula de quelque centimètre. Encore. Et encore.

« Hu hu... on dirait que je promène une bobine en laisse... »

Et il recommença.

On dit qu'un idiot qui marche ira toujours plus loin qu'un intellectuel assit. Et bien cette idiot là en fit, du chemin, et sans y penser. Au fur et à mesure, il enroulait le surplus de film autour de ses mains libres, et Lucian ne s'alarma nullement quand, d'une part, la quantité de fil lui entravant les mains fut 27 fois supérieurs à celle que la bobine pouvait contenir, et d'autre part, qu'il se trouvait dans l’incapacité de se libérer. Et bien que, malgré le chemin, la quantité de fil n'ait pas bougé sur la bobine, il continua sans se poser de question. Pour le moment, il trouvait simplement amusant de s'imaginer promenant une bobine de fils bleu. Fallait pas lui en demander plus.

Jamais le jeune Raspberry ne pourra expliquer comment, en suivant une bobine de fil, il était parvenu à traverser le rez de chaussé, monter d'un étage, à parcourir ce dernier et à se promener de box en box, jusqu'à atterrir dans celui d'une jeune fille qui avait refait la déco. Ses mains et poignée maintenant totalement emprisonnés par une grosse boule de fil bleu qu'il faisait grossir grâce à un habile tour de poignet, c'est quand la petite bobine alla rebondir sur une paire de fesses assises par terre qu'il sortit de sa rêverie.

« Oh ! Je vous prie de bien vouloir pardonner à la bobine, elle n'a pas fait exprès ! » bredouilla Lucian rapidement, avant de reprendre plus calmement : « En fait, c'est une bobine, elle peut pas vraiment faire exprès de quoi que ce soit... »

Lucian s'accroupit, pour ramasser sa petite fuyarde de bobine, quand soudain s'imposa à lui l'énorme boule bleue emprisonnant ses mains. Il la regarda une minute, sot.

« Tiens ? » s'étonna-t-il.

Et c'est ainsi bêtement qu'il regarda cette grosse boule bleue, sans comprendre ce qu'elle faisait là.

Calypso venait de trouver une mine d'or. Un trésor. Quelqu'un en train de rédiger un texte et celui-ci faisait déjà plus d'un Mo. EN sachant qu'un texte d'une centaine de pages ne faisait qu'à peu près 650ko, cela laissait imaginer le temps qu'il avait fallu pour écrire tout cela. Et l'imbécile devant son bureau n'avait pas fait d'enregistrement depuis un bon bout de temps. Il était de ces imbéciles surement qui mettaient tout le temps l'ordi en veille avec ce qu'ils étaient en train de faire ouvert et qui ne pensaient même pas à l'enregistrer. Certes les traitements de texte de nos jours étaient bien fait : on avait des enregistrements réguliers automatiques provisoires qui permettaient en cas de coupure de courant ou plantage de l'ordi de récupérer le texte avec juste les toutes dernières modifications manquantes.

Cependant il suffisait de supprimer préalablement lesdits fichiers puis de couper le courant pour que l'imbécile perde tout. Cela était très tentant et ferrait une bonne leçon à ce crétin qui désormais prendrait le temps de cliquer sur une petite icône (temps nécessité pour exécuter cette opération : une demi-seconde) plutôt que de tout perdre.

Naviguer dans les réseaux électroniques ou électriques était naturel pour la jeune fille mais intervenir sur eux nécessitaient de la concentration. Elle était donc en train de commencer son effort mental quand quelque chose vint buter contre son arrière-train. Calypso tourna la tête -et un regard noir en prime- vers le nouvel arrivant. Il avait l'air d'un imbécile fini -même sans la grosse boule de ... fil ? oui de fil autour des poignets. Apparence qui commença à se confirmer avec les quelques mots que le jeune homme prononça. Ce gars-là était de ces gens desquels on pouvait dire "ah ben je l'imaginais pas du tout comme ça à première vue". EH bien si en apparence il avait l'air crétin et ses mots l'étaient aussi. Il aurait sûrement pu être cet autre imbécile qui ne pensait pas à sauvegarder leur texte de plus de 200 pages.

Calypso s'attendait à ce que le garçon ajoute quelque chose mais non il restait là comme un couillon à regarder cet amas de fil bleu qui entourait ses poignets comme si il venait juste de découvrir se présence et franchement cela n'aurait pas étonner Caly si ça avait été le cas. La jeune fille continua à regarder de bas physiquement mais de haut dans l'attitude cet homme -beurk ce terme ne lui convenait pas "garçon" était mieux- jusqu'à ce qu'elle comprenne que si elle faisait pas bouger les choses il pourrait rester ainsi des heures à trouver une explication rationnelle à son problème.

"Bon c'est pas que tu me déranges mais là tu vois je suis en train de bosser

(vous pouvez rire)

et j'ai autre chose à faire que de te regarder ne iren foutre. Je peux faire quelque chose pour toi ?"

*Histoire que tu dégages rapidement et que je puisse m'amuser en paix ?*

Calypso retint ces mots mais son regard ne cachait en rien son mépris. Mépris que l'autre ne devait même pas remarquer complétement perdu dans son monde. Si lui aussi était un employé, Calypso commençait à comprendre pourquoi elle avait été embauché : pour x ou y raison cette société recrutait les personnes des plus étranges avec peut-être une préférence pour les je-m'en-foutiste et les inutiles. Dur de se faire virer dans ces conditions ...

La jeune fille rebaissa son regard sur son écran avant de choper un torticolis et dû se concentrer pour n'y voir qu'un bureau avec un poste de travail, une corbeille, quelques dossiers et raccourcis plutôt qu'un ensemble de liaison, de chiffres et de codages. Elle n'avait nullement l'intention de se lever. Déjà réaménager le bureau lui avait demander de bouger, là elle était bien décidé à ne plus décoller ses fesses du sol.

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Imaginons que la concentration de Lucian était équivalente à une petite bulle. Là, on pouvait avoir l'image qu'elle montait, virevoltait et restait encrée dans le crâne du garçon, avant de finalement éclater d'un coup. Ainsi, il eut, pendant deux secondes, une tête illuminée et réveillée, et se rendit compte de la situation : il était rentré, sans prévenir et avec une impolitesse rare, dans le petit box où une jeune femme travaillait, il avait perturbé sa concentration (quelqu'un d'aussi focalisé sur son travail ne pouvait lui provoquer qu'un élan d'admiration béate) et voilà que maintenant, il lui mangeait de son précieux temps à regarder stupidement une boule bleue autour des mains !

Lucian aurait voulu s'excuser et partir, sur le champ. Mais voilà que la charmante jeune fille lui assurait qu'il ne la dérangeait pas. Il en fut rassuré et lui adressa un sourire ravi, tandis qu'elle retournait dans ses écrans (quelle employée assidue ! C'était admirable. )faire... Son travail, sans aucun doute.

« Ah, tant mieux ! Je commençais à craindre qu'au contraire, je vous importunais ! » Il marqua une pause, offrant un grand sourire éclatant, et continua : « Oh, oui, oui, bien sûr, continuez à travailler, je voue en prie, ne vous dérangez pas pour moi. »

La boule bleue n'était pas si serrée que ça. Avec un mouvement de poignet souple, une pince improvisée faite de deux genoux, une cale que serait son pied et une bouche pour mâchonner le fil et le tirer un peu, Lucian s’apercevait avec bonheur qu'il parvenait à défaire un peu cette boule. Du moins, il y avait plus de fils entre ses mains et la bobine qu'avant. Donc, c'est qu'elle se déroulait : logique. Le nouvel employé en fut satisfait : il parvenait à se délier seul sans plus importuner la demoiselle. Et comble de joie, cette dernière se montra charitable en lui proposant même une aide ! Quelle grandeur d'âme, quelle gentillesse ! Lucian en fut tout ému.

« Oh, et bien... C'est très aimable à vous de demander ! Mais, je ne sais pas trop quoi faire, moi même : le contrat n’est pas très... précis quant à mon emploi et j'ai grand mal à trouver dans quelle session je peux bien travailler. Et je ne suis pas sûr que la secrétaire en sache plus. »

Il eut un rire forcé.

« C'est vraiment dur d'être nouveau, hein ! »

C'était mécaniquement qu'à présent il défaisait sa boule, sans y réfléchir. Alors, oui, la quantité de fil libérée augmentait, mais non, la boule de dégrossissait pas. Taper simplement la causette le déconcentrait et logiquement, le fils se créait au fur et à mesure.

« Vous avez été engagée il y a longtemps, vous ? Moi c'est mon premier jours. Oooh ! Je manque à toute politesse ! Je m’appelle Lucian Raspberry. Oui, héhé, comme les framboises. Ravi de faire votre connaissance ! Je... Je vous serrais bien la main, mais... Mais en plus, vous travaillez et je ne voudrais pas vous déranger plus. Vous faîtes quoi ici, vous ? »

Et oui. On ne se débarrassait pas aussi facilement de Lucian Raspberry.

Calypso sentait parfaitement que le gars en face ne se foutait pas de sa gueule, il était juste de ces imbéciles qui ne comprenaient rien à l'ironie mais cela ne rendait en rien le jeune homme moins énervant. La jeune fille jeta de nouveau regard au garçon qui se trouvait dans une position on ne peut plus ridicule. Désespérée puis petit à petit quelque peu fascinée par ce fil qui se déroulait sans que rien ne bouge autour des poignets du garçon Calypso écouta d'une oreille distraite les paroles inutiles du jeune homme. Puis comme c'était quand même ennuyant au bout d'un moment de voir ce fil se dévider ainsi sans bouger, la jeune fille finit par se lever (les miracles existent !) et ordonna :

"Ne touche plus à rien !"

La jeune fille entreprit de défaire le fil qui emprisonnait l'homme ... excusez-la, le garçon tout en répondant à son bavardage soulant :

"Bon tu sais ce que tu vas faire ? ... non ne réponds pas je sais que tu ne sais pas c'est pour ça que tu as besoin d'aide. Tu vas te poser dans un des bureaux à côté -si possible pas trop près du mien pour que je puisse travailler au calme- y'en a pleins de vides. Moi non plus je n'en sais pas plus que toi. Je suis aussi arrivée aujourd'hui mais moi je ne me pose pas autant de question que toi. Tu prends un bureau, tu t'assois et tu te tournes les pouces en attendant que quelqu'un vienne te donner un travail ... roh y'a un put*** de nœud. Bon bref je disais que tu attends que quelqu'un vienne te dire ce que tu dois faire et si personne ne vient eh bien tu fais ce que tu veux. Tu peux danser la gigue sur la table en caleçon, dessiner des éléphants roses sur les murs je m'en fiche."

La jeune fille avait l'impression d'être une grande sœur avec son petit frère. Bon dieu elle était fille unique et très heureuse de l'être qu'est-ce qu'elle avait à se préoccuper de ce crétin ? Une dizaine de nœud plus tard, le fil bleu était tout entier par terre ... je vous laisse imaginer qu'il n'y avait évidemment plus de place pour que Calypso puisse s'assoir. Avec un soupir elle ouvrit la bouche pour ordonner au garçon de ramasser son bazar avant de se rappeler l'étrange façon qu'il avait de tirer le fil sans que celui-ci ne diminue jamais et s'empressa de dire plutôt :

"Surtout ne touche à rien ok ! Je m'occupe de ranger tout ça. Tu ne bouges pas d'un poil."

La stagiaire imaginait très bien cet imbécile trébucher et s'étaler sur son précieux matériel informatique.

"Moi je m'appelle Calypso Mayflower et je suis stagiaire informatique."

*Tu sais les ordinateurs et compagnie ? Le genre de trucs que je suis sûre tu ne sais même pas te servir ?*

Calypso soupira. Elle se sentait fatiguée. Vivement qu'elle se fasse virer ! Premier jour de boulot sans boulot et déjà elle était crevée, elle était faite pour le glandage et la solitude pas pour la garderie.

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Il y avait plus de fils sur cette bobine que Lucian ne l'aurait jamais imaginé. Il observait d'un œil distrait le tapis bleu qui se formait dans le petit box de la demoiselle, tandis que cette si aimable et serviable jeune fille avait entreprit de le dépêtrer. Quelle personne formidable : s'arracher ainsi de son si important travail pour venir l'aider ! Il lui fit un sourire benêt en réponse (celui qu'il maitrisait le mieux, à ne point en douter), se soumit à son autorité, obéissant à chacun de ses mots, et l'écouta le plus attentivement possible, hochant la tête, ouvrant la bouche pour répondre et la refermant aussitôt qu'elle le lui disait. Cette boite était fabuleuse et employait des gens vraiment merveilleux (ainsi que des bobines aux quantité étonnante de fil). Cette jeune fille, par exemple, l'aidait et le conseillait, alors qu'elle même était nouvelle ! Mais ô combien plus débrouillarde, c'était évident.

Une fois ses mains découvertes, Lucian se sentit heureux comme un coq et joua un instant avec ses doigts, pour tâter de leur liberté retrouvée.

« Merci ! Vous être vraiment formidable ! » lança-t-il avec une admiration sincère « Je crois que je vais suivre vos conseils ! Sauuuf, peut-être que... que je ne sais pas danser, donc, la gigue... et... et me retrouver en caleçon, je ne crois pas que ça serait... correct, pour un premier jour... ainsi que les éléphants roses, c'est quand même... spécial... »

Tout en parlant, distraitement, Lucian avait entreprit de partir du box, laissant la jeune femme travailler en paix, mais aussitôt, cette dernière insista pour qu'il reste, soulignant le fait qu'elle allait ranger. Il baissa les yeux et aussitôt, se sentit honteux : il allait partir sans rien remettre en ordre. C'était absolument indélicat et impoli. Pourtant, la jeune femme lui demanda simplement de ne pas bouger. Vraiment, quelle jeune personne admirable !

Quand elle se présenta, Lucian leva les yeux au ciel et répéta plusieurs fois, à voix basse :

« Calypso, Calypso, Calypso... » puis il reprit avec un ton enjoué « C'est un très joli prénom, je ferais tout mon possible pour m'en souvenir ! Vous êtes stagiaire en informatique ? C'est incroyable ! Vous devez être douée là dedans ! »

En plus d'être admirable, d'une bonté sans bornes, d'un débrouillardise formidable et d'une délicatesse délicieuse voilà qu'en plus cette charmante personne était intelligente ! Car contrairement à ce que pouvait penser la jeune femme, Lucian n'était pas si peu doué avec les ordinateurs que ça. Il était moyen et savait faire deux trois trucs, comme partout. Seulement, si la jeune femme avait un poste dans ce domaine et que lui non, c'était bien qu'elle était plus douée que lui. Et chaque personne plus douée que Lucian Raspberry dans un domaine se voyait, dans la petite tête de ce dernier, affublé du qualificatif « intelligent ». Autrement dit, en sachant Lucian moyen dans à peu près tout les domaines, son petit univers se trouvait peuplé de génies, comparé à lui.

« Je suis enchanté de faire votre connaissance ! »

Et arriva alors ce qui devait arriver.

Tout heureux de se présenter à sa première collègue, Lucian voulu lui... serrer la main. Il s'avança, se prit les pieds dans le fil, s'asticota comme un verre de terre qui tenterait de sauter, puis finit par perdre pour de bon l'équilibre, en s’emmêlant les pieds de plus en plus dans le fils bleu, avant de finir sa chute sur...

[à toi de choisir ! ;p (interdiction de le tuer pas contre ! )]

[Zut ça aurait été un bon moyen de s'en débarrasser Cool

]

Calypso aurait peut-être pu trouver marrante cette façon de tout prendre au sérieux si ça avait été fait exprès mais le faire de manière si naïve était pitoyable à ses yeux. Et il continuait à lui attribuer tous les adjectifs les plus élogieux que son vocabulaire devait contenir comme des aiguilles plantées dans la conscience de la jeune fille. Plus il se montrait gentil plus elle avait envie de lui exploser la tête contre le mur en lui répétant "Mais put*** tu ne vois pas que je suis une grosse con** égoïste qui a qu'une seule envie c'est que je me casse et que tu me foutes la paix une bonne fois pour toute ? Tu ne voudrais pas un peu merde me reprocher mon caractère plutôt que de le louer béatement comme l'imbécile aveugle que tu es ?". Bref le jeune homme agaçait la jeune fille. Profondément.

Calypso eut un sourire agacé quand il évoqua la beauté de son prénom. Oui, oui elle le savait qu'il était beau son prénom, ça elle n'irait pas le nier mais ne pouvait-il donc pas se taire au lieu de balancer toutes les banalités qui lui venaient à l'esprit.

"Oui c'est ça, je suis douée."

Grommela-t-elle. La jeune fille allait lui demander ce que lui faisait car certes comme elle il n'avait pas de travail précis à faire mais peut-être avait-il une section et alors si c'était le cas elle voulait bien savoir ce qu'on avait pu trouver à faire à cet inutile crétin. Mais Caly n'eut pas le temps de poser sa question car le jeune homme pour x ou y raisons bougea contrairement à l'ordre donné par la jeune fille et tomba. Tout ce que calypso avait déjà ramassé et qui formait une pelote de fil (c'est aussi gros qu'une pelote de laine sauf que le fil est comme vous le savez surement bien plus fin que la laine et donc il faut beaucoup beaucoup beaucoup de fil pour faire une pelote de laine) tomba de ses mains et se déroula sur le dos du garçon qui s'était étalé sur la complexe installation de câble de la jeune fille faisant lâcher les trois quart desdits câbles.

A présent vous voyez ces images en contre-plongée de gros monstres qui émettent des ondes négatives et dont leur yeux brillent dans le noir de mauvaiseté. En plus généralement ils font craquer leur poing pour montrer combien l'autre va souffrir mais là Caly était seulement en train de passer à cet état que nous nommerons l'état numéro 2 de l'état numéro 1 qui celui du choc, bouche grande ouverte, yeux blancs, figé comme dans de la glace devant l'horreur du spectacle. Donc voilà Calypso en était encore à ce stade entre l'état numéro 1 à l'état numéro 2 (le monstre et compagnie des fois que vous auriez déjà oublié) et donc Lucian n'était pas encore mort sous les coups vengeurs d'une informaticienne glandeuse enragée.

Évidemment Calypso savait que le jeune homme allait s'épancher en excuse et redoutant les prochains gestes du maladroit bonhomme, elle l'attrapa par les pieds et le sortit hors du box ce qui entraina un paquet de fil qui entourait le corps de l'imbécile. Bien déjà il était hors de portée du précieux matériel pour toute catastrophe qu'il pourrait encore inventer.

"Je te préviens tu remets encore ne serait-ce qu'un orteil ici je te désintègre."

Voilà. Maintenant il pouvait bien faire toutes les excuses qu'il voulait, elle avait bien l'intention de ne plus lui jeter le moindre regard. Ramassant en tas, les fils qui trainaient encore dans son box, elle les fit tomber d'un air méprisant sur le jeune fomme et alla réparer les dégâts.

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Affalé par terre, le nez en contact direct avec le sol, il fallut quelques secondes à Lucian pour parvenir à croasser :

« Je... je vais biiiiien... »

Pourtant, il avait mal. Très mal. Et il se sentait à l'ouest. Encore plus à l'ouest que d'habitude. Si l'exercice était difficile à imaginer, il n'en était pas moins impossible. La preuve en était qu'il se demandait si les trucs ronds qu'il sentait contre son ventre étaient à l'intérieur, ou à l'extérieur de lui. Os brisés qui avaient roulé dans son ventre ? Ou simples éléments du décors qu'il avait involontairement plaqué ? Et quand d'un geste brusque, il fut tiré en dehors du box, Lucian se mit à glapir :

« Hiii, le sol bouge ! Un tremblement de terre ! »

Puis plus rien ne bougea. Il se risqua à soulever la tête, ouvrir un œil et observa que son environnement avait changé, en quelque minute à peine. Une petite poignée de seconde plus tard, l'incroyable sens d'orientation de notre vaillant nouvel employé le renseigna qu'il était simplement dans le couloir. Comment y était-il arrivé ? Aucune idée. Peut-être que ça avait un lien avec le sol qui bougeait. Il releva un peu plus la tête et croisa le regard enflammé de la jeune femme qui le menaçait.

« Me désintégrer ? Vous pourriez pas. »

Et oui mademoiselle ! Si Lucian pouvait se montrer naïf, il savait que la désintégration et tout objet visant à la produire n'était pas créé !

…

Ou si elle l'était, elle n'était pas encore accessible au grand public. Ça, il en était certain.

« Mais d'accord, j'entrerai plus. »

Avec des gestes lent, il s'assit et regarda la jeune fille s'affairer dans son box. Vaguement, il se demanda pourquoi elle s'était amusée à tout débrancher. Peut-être une mesure de sécurité contre le tremblement de terre qu'il avait ressentit tout à l'heure ? Quelle rapidité ! Dire que lui était seulement tombé. Du bout du doigt, il tâtonna son menton et s'étonna de le sentir égratigné. Pas de flots de sang, juste une légère humidité et un picotement. Il continua à s'inspecter rapidement et aperçut des fils bleus qui, s'ils n'étaient plus au bout de ses mains, lui entravaient maintenant efficacement les pieds. Il grommela et entreprit de les défaire en s'appliquant.

« Fichu tremblement de terre. » Il se stoppa et se mit à réfléchir « Minute. Depuis quand il y a des tremblements de terre à Londres ? »

Il continua sa réflexion et dans un miracle de lucidité, Lucian parvint à faire la part des choses.

« Oh ! C'est moi qui aies tout débranché ? Désolé ! Je n'ai pas fait exprès, ça doit être le tremblement de terre. Aaaah ! C'est pour ça que vous êtes fâchée ? Oooh, ce n'est pas la peine de vous énerver comme ça, ce ne sont que des câbles ! »

La pelote de fil bleu commençait à être vraiment grosse, entre les mains de Lucian, et la bobine, sournoise, narguait le jeune homme en se déroulant encore un peu, suivant son frétillement pour se libérer.

« Sauf si vous aviez un travail important pas sauvegardé, évidement, là, c'est dommage et heu... je suis sincèrement navré, dans ce cas. »

Si Lucian commençait à reprendre ses esprits, il n'empêchait que cette scène garderait à jamais un grand flou artistique dans sa mémoire. Ordre des évènements, conséquences qui en découlaient, excuses qui s'imposaient et admiration béate, tout se mélangeaient dans sa tête qui répondait vraiment encore plus mal que d'habitude.

« Vous voulez de l'aide ? »

Quant à son instinct de survie, et bien... disons qu'il était déjà atrophié, là, il était encore plus diminué.

Calypso entendait l'autre bouger dans son dos mais elle l'ignora. Elle ne faisait pas attention aux moindres mots qu'ils se risquaient à prononcer. Enfin elle essayait au moins. Ce couillon n'avait même pas compris qu'il était à l'origine de tout ce bazar et baragouinait elle ne savait quelle connerie sur des tremblements de terre.

La jeune fille se força à respirer calmement, avec cet autre crétin qui l'embêtait elle n'arrivait pas à se concentrer et sa vision se perdait dans l'amas des fils emmêlés et débranchés. Son univers était détruit et si elle ne remettait pas tout cela en place rapidement sa tête allait crier au secours sous les assauts de tous ces chemins virtuels sans issus qui se formaient de manière incontrôlable dans sa tête.

Soudain la jeune fille se figea sous le coup de ce qu'elle venait d'entendre. Se retournant vivement, elle balança un câble foutu à la tête du jeune homme.

"Pas la peine de m'énerver ? Que des câbles ?"

Les mains tremblantes de colère la jeune fille fixa le garçon.

*Il ne peut pas comprendre, calme-toi. Il ne peut pas comprendre, calme-toi*

La jeune fille serra les poings, elle était en train de craquer. On aurait dit ses parents. Toujours à la regarder bizarrement dès qu'il s'agissait d'informatique ou d'électronique.

*Ils ne peuvent pas comprendre. C'est mon monde. Je ne vois pas comme les autres, c'est mon univers, laissez-moi mon univers ! Ne détruisez pas mon monde !*

La jeune fille tourna le dos, essuya ses yeux qui commençaient à devenir dangereusement et de manière ridicule humide. La jeune fille reprit d'une voix plus calme :

"Ces câbles, comme tu dis, sont très importants pour moi. Je conçois que tu ne le comprennes pas mais je te demande aussi de le respecter. Si tu n'en es pas capable alors fais en sorte que je ne revois plus ta tête. Sinon ne t'inquiètes pas je n'ai rien perdu d'important. Je ne travaille pas, j'essaye juste de me faire virer d'ici le plus rapidement possible, ok ? Je ne suis pas une fille gentille, je n'ai aucune envie de t'aider, je suis égoïste et tu m'énerves, je ne veux pas de ton aide, tu ne peux rien faire l'informatique c'est mon domaine ok."

Calypso tourna à peine le visage vers l'autre garçon en prononçant ces mots. AU fur et à mesure qu'elle parlait, sa colère s'évanouissait dans une lassitude perceptible. Ses yeux fixaient un point au loin. En vérité déjà son regard s'enfonçait dans l'ensemble des circuits électriques du bâtiment. Reconstituer dans sa tête les lieux grâce à la présence des fils électriques avaient toujours calmé la jeune fille quand elle craquait. C'était son monde où elle pouvait se réfugier. Un monde froid sans pensée, sans parole, un lieu juste pour elle où personne ne pouvait l'atteindre, un endroit où elle était reine.

"Peux-tu me redonner le câble que je t'ai jeté dessus s'il te plait ?"

Le box était si petit que Calypso en tendant le bras pouvait presque atteindre la porte du petit bureau.

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Il y avait eut un silence, puis un CGV (câble à grande vitesse) qui lui avait foncé dessus. Douloureusement, Lucian se massa le front deux minutes, le visage déformé en une petite grimace douloureuse. Il était temps de revoir son point de vue sur l'entreprise : visiblement, les gens qui y était pouvait aussi avoir des nerfs qui lâchent. Fort bien, ça ne dérangeait pas le jeune homme. Quand la jeune fille fit son Laïus, sans un regard vers lui, il eut le réflexe d'ouvrir la bouche pour répondre, mais la referma aussitôt : on ne coupe pas la parole. Elle semblait se calmer et ainsi, tenant le câble d'une main et se frottant le front de l'autre, l'employé resta quelques secondes bête, sans rien dire, les yeux ronds de surprise.

Puis souhaitant respecter les volontés de la jeune fille, il balaya du regard le couloir puis se déplaça, rampant sur ses fesses, juste à côté de l'entrée du box de la jeune fille. Si elle ne voulait plus le voir, elle ne le verrait ainsi plus : il faudrait qu'elle sorte sinon, ce qu'elle ne semblait pas être très impatiente de faire. Cependant, si elle lui avait intimé l'ordre de ne plus montrer son visage, Calypso ne lui avait pas interdit la parole.

« Navré. » commença-t-il d'une voix douce.

Le câble coincé entre ses jambes et son ventre, Lucian reprit simplement là où il en était dans cette délicate entreprise de fils et de libération de jambe. Puis lentement, il reprit :

« Maiiiis... si vous n'expliquez pas, ça va être dur de vous comprendre, c'est sûr ! Et si vous agressez les gens, plutôt que de tenter de leurs faire comprendre, ils vont fuir ! Vous vous retrouvez vite seule, non ?»

Enfin, plus concentré que tout à l'heure, il se libéra une cheville, puis l'autre. Alors, il attrapa les restes de pelote de fil et commença à l'enrouler, de plus en plus surprit par la quantité qu'il y avait sur une simple bobine. C'était incroyable ce que la technologie pouvait faire de nos jours !Toujours souriant, il finit par continuer, en regardant distraitement le câble :

« Alors c'est si important pour que vous vous énerviez de la sorte ? Ah, là, je vous comprends encore moins, vous lancez souvent les choses qui vous sont importante sur les gens, vous ? D'ailleurs, si vous tenez à vous faire virer, commencez par ne plus venir, non ? »

Il soupira en pensant que c'était décidément bien étrange. Mais bon, Lucian avait depuis longtemps abandonné l'espoir de comprendre parfaitement les gens qui l'entouraient. Il parvenait à survivre avec eux, ça lui convenait assez. Enfin libre de toute entrave, le jeune homme s'assit en tailleur, prenant le câble entre les doigts et en le faisait tourner devant ses yeux.

« Je ne sais pas s'il me plaît de vous rendre ce truc, par contre... Déjà, vous m'avez dit de ne plus me présentez devant vous, souligna-t-il avec sincérité, et enfin, c'est bien vous qui m'avez dit que je peux rien faire, et encore moins pour vous aidez, pas vrai ? Ça me chagrinerait d’enfreindre vos règles et de vous donner tord. »

Maintenant, prenons les paris : qui de Calypso ou de Lucian se fera respectivement virer ou tuer en premier ?

Calypso en tournant le buste vers l'entrée du box écouta les explications du garçon ponctuées de silences et de soupirs. Le jeune homme toujours aussi prompte à l'obéissance s'était mis hors de portée de la vue de la jeune fille. Calypso finit de brancher quelques câbles puis se leva.

La jeune fille s'avança jusqu'à l'ouverture qui donnait sur le couloir. Elle regarda un moment Lucian toujours assis à terre avec son éternel fil bleu et son câble. La jeune fille soupira puis s'agenouilla devant le garçon et entreprit de lui parler comme à un enfant que l'on a grondé un peu trop sous le coup du stress et qui se sent mortifié. Mais la jeune fille faisait cela sans vraiment y penser. Elle ne cherchait pas en faisant cela par exemple à le faire passer pour un gosse. Simplement elle se sentait un peu coupable, un peu gamine elle aussi. Qui sait, ils étaient peut-être deux enfants qui avaient grandi trop vite ?

"C'est bon, c'est pas grave je te pardonne. Tu as le droit de te présenter devant moi, tu as le droit de me parler, tu as le droit de tout ce que tu veux sauf celui de détruire mon matériel. Même si sous le coup de la colère je te dis le contraire ne m'écoute pas ok ?"

La jeune fille prit un air ironique parce que tout de même il était hors de question d'avoir l'air pitoyable avant d'ajouter :

"Et ne prends pas cet air sérieux, il ne te va pas du tout. C'est normal que je sois toute seule puisque c'est ce que je veux. Cela ne m'empêche pas d'aimer des gens et eux de m'aimer. Ah oui ! Tu voulais comprendre ? Eh bien on peut toujours essayer ..."

Hahaha elle était stupide ou quoi ? La première et dernière fois qu'elle avait essayé c'était avec un de ses petits amis. Oh il avait parfaitement compris -ou à peu près- mais à son regard de travers qu'il lui jetait durant les explications, Calypso n'avait pas pu s'empêcher d'ajouter après ses explications un rire avant d'ajouter : "je plaisante évidemment, tu devrais voir ta tête, c'est trop drôle !". Mais Lucian ne réagirait pas ainsi en supposant qu'il la croirait. Elle en était sûre. C'était le genre de garçon avec qui Calypso ne serait jamais sortie avec. Le genre des "trop gentils", ceux que sa conscience ne supporterait pas de blesser en les abandonnant comme elle finissait toujours par le faire sans un coup d'œil en arrière.

"Bon alors il va falloir que tu essayes d'imaginer tout ce que je vais te dire après ok ? On va commencer par les ordinateurs c'est le plus simple. Tu vois toi quand tu te déplaces dans les différents dossiers, que tu déplaces des fichiers. Bref tout ce que tu peux faire avec un ta souris et ton clavier et compagnie, je peux le faire juste en regardant un écran. C'est comme des chemins qui apparaissent devant mes yeux qui me mènent dans les différents dossiers, les différents "lieux"de l'ordinateur. Et là je peux faire ce que je veux. Il suffit d'enlever ou de rajouter des séries de 0 et de 1. Je "parle" le binaire comme d'autres parlent français ou italien. Après je peux de le même manière circuler dans les circuits électriques. Mais là je peux plus difficilement intervenir ; je n'ai plus affaire à des 0 et des 1 qui sont juste une charge positive ou non. Je dois bloquer le courant sans qu'il n'y ait aucun problème dans le circuit cela me demande beaucoup d'efforts. Est-ce que tu comprends ?"

La jeune fille leva un sourcil interrogateur puis ajouta en rigolant :

"Enfin maintenant tu sais à qui venir te plaindre quand les plombs sauteront ! Car j'ai bien l'intention de m'amuser un peu ici le temps qu'ils en aient marre et me jettent à la porte. Bien et maintenant que je suis calme ai-je le droit de récupérer mon câble ?"

Calypso adressa un sourire au jeune homme. Dans une minute même pas la jeune fille serait sûrement en train de râler ou de s'énerver. Pour le moment elle refaisait le plein de sérénité pour mieux exploser au prochain problème ou emmerdeur qui pointerait son nez.

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Il y eut des pas. Venant du box. Venaient-ils en paix ? Ou armés d'un nouveau câble ? Lucian déglutit avec courage et se prépara presque à se défendre, mais visiblement, la jeune demoiselle était venue en paix. Elle lui parlait calment. Comme s'il était demeuré, en fait. Lucian en haussa un sourcils mais le rebaissa aussitôt, préférant ça aux câbles volants.

Ce qu'elle expliquait était étrange : si sur le coup de la colère elle disait quelque chose il ne devait pas l'écouter ? Mais grand Dieu, c'était très malpoli ça ! Il devait se boucher les oreilles ? Mais comment savoir quand ? Et quand s'arrêter ? Dans un sentiment d'urgence, son cerveaux décida alors de ne pas se torturer sur cet énigme : il aviserait le moment venu. Puis vint l'explication. Lucian se tourna vers Calypso, plus concentré que jamais, les sourcils froncés et la bouche pincée. Il hocha de la tête à chaque phrases, accusant de leurs réceptions, mais souhaitant intérieurement que la suivante expliquerait ce que voulait dire l'actuelle. Quand la jeune femme stoppa son récit, il y eut un temps de flottement, incertain, un silence de la part du jeune homme qui continuait à fixer sa collègue avec le même air toujours aussi sérieux.

Il lui fallut une bonne minute pour comprendre que la phrase géniale qui débloquerait son esprit sur cet épineux casse-tête ne viendrait pas. Son visage se décomposa pour finalement adopter la tête stupide du sourire d'excuse et il commença, pataud :

« J'ai pas tout compris, je crois... » Il se gratta la tête un instant. « Je pense que je vais retenir que tu fais des trucs que peu de personnes sont capable de faire. Sur les ordinateurs. » Il adressa un sourire benêt et admiratif à la jeune femme (au cas où ce sourire manquerait à cette dernière) « C'est formidable, ça ! Et incroyable. »

Enfin, alors, il consentit à donner aimablement le câble à la jeune femme, afin qu'elle puisse retourner à ces... Trucs. Choses. Occupations.

« Mais j'y pense. »

Oui, car aussi surprenant que cette phrase pouvait paraitre, il arrivait que le jeune homme pense. La preuve en étant de ses sourcils froncés, ses bras qu'il croisait sur son torse d'un air décidé, son dos droit, et ses joues qui rosissaient progressivement.

« Tu n'aurais peut-être rien du me dire de cela, car maintenant... Maintenant, je peux te faire du chantage ! Les plombs qui sautent, c'est du boulot perdu, je ne suis pas certain que ça me plaira... Alors... Alors je te demanderai de ne pas trop le faire en ma présence ! Sinon... »

Lucian adressa un grand sourire qui débordait (dégoulinait même) dune innocence fausse.

« Sinon, je me verrai obligé de rependre la rumeur combien tu es une employée précieuse, agréable et travailleuse, combien ta présence est utile et combien il faut qu'on te garde ! Même si les apparences jouent parfois contre toi. » Puis, Lucian partit dans une envolé romanesque, accentuant ses paroles de mouvements de bras. « Solitaire, elle aime agir seule, chassant les autres pour endosser seule ses tâches. Si tout fonctionne, c'est bien grâce à cette noble âme qui s'acharne, dans l'ombre, à sauvegarder notre tranquillité ! S'épuisant, se fatiguant, ce qu'elle cache sous sa mauvaise humeur ! »

Puis il haussa les épaules d'un air léger.

« Ou quelque chose du genre ! »

Visiblement le jeune homme ne semblait pas tout comprendre ... chose qu'il lui avoua un peu gêné apparemment. Cependant son abattement ne dura pas et de nouveau tout guilleret il se remit à bavarder. Contrairement à Calypso, le garçon ne semblait pas rancunier. D'ailleurs Lucian avait de la chance de ne pas être trouvé dans la catégorie des personnes qu'elle ne pouvait pas supporter sinon jamais il n'aurait pas pu être pardonné si facilement. Oh Calypso le trouvait toujours énervant mais ce n'était pas comme si le jeune homme cherchait à l'être et malgré ses maladresses il se montrait plein de bonne volonté.

D'ailleurs voilà qu'il acceptait enfin de lui rendre son câble. Elle ne s'était pas trompé. Le câble était inutilisable comme elle le pensait mais peut-être pourrait-elle réutiliser les fils électriques pour quelques montages foireux. Déjà des idées commençaient à germer dans sa tête. La jeune fille était tellement absorbée par ce qu'elle imaginait qu'elle mit un moment à se rendre compte que le jeune homme parlait et encore quelques secondes pour que son esprit arrive à se dire que oui oui cet insolent était bel et bien en train de lui faire du chantage. Et elle qui venait de lui dire qu'il ne devait pas faire attention si elle s'énervait ! Quel mauvais dieu avait bien pu lui mettre de telles imbécilités dans sa bouche ?

La jeune fille allait s'énerver quand quelque chose lui vint à l'esprit. Avec un sourire ironique la jeune fille avança :

"Sauf que le boss ici doit être au courant de mes "pouvoirs" puisque je l'ai mentionné dans mon CV."

Après à savoir s'ils l'avaient cru c'était bien une autre question mais après tout ils l'avaient embauché et même mis dans le secteur informatique.

"Donc quoi que tu puisses raconter sur mon bon travail et mes prétendues super qualités, les gens finiront bien par se douter de quelques choses. Au final je serai virer. Et ne crois pas que toi petit microbe tu vas pouvoir y changer grand chose. Maintenant est-ce que je dois te punir pour avoir essayer de me faire du chantage ? Est-ce que l'on ne t'a jamais dit que ce n'était pas bien ?"

Un coup d'œil alentour fit remarquer à la jeune fille que le fil bleu trainait encore un peu partout. Ne s'en sortirait-il jamais ? Ce n'était peut-être pas le fil rouge du destin mais bel et bien le fil bleu des ennuis. Avec un soupir résigné la jeune fille entreprit de remettre de nouveau un peu d'ordre là-dedans -choses qui devenaient de plus en plus compliquée ; à force de gigoter dans tous les sens le fil était complétement emmêlé. D'ailleurs pourquoi s'embêtait-elle à bien le ranger ? Ne pouvait-elle pas tout foutre à la poubelle ?

[désolée j'ai pas mal de boulot donc pas trop de temps pour répondre et des réponses un peu courtes >__<]

Sans poste fixe Messages : 140 Date d'inscription : 19/10/2010

[Pas de soucis, c'est pas la taille qui compte ! =D
Plus sérieusement, c'est déjà gentil de ta part de prendre le temps de répondre si tu es occupée à côté ^^ et je n'accorde vraiment aucune importance à la taille d'un message.]

Lucian ouvrit la bouche, prêt à répondre, puis la referma. L'ouvrit, et la referma. Encore une fois (car jamais deux sans trois). Il se gratta l'arrière de la tête, mais ne sembla pas pour autant prêt à en démordre puisqu'avec un air décidé, il reprit :

« Si toi tu as ce genre de pouvoir et te retrouves en session informatique, alors alors... Alors, peut-être que les gens autour sont pareils. Moi, j'ai pas ça et je suis pas en session informatique. »

Heureusement, soupirerai le public, si tenté qu'il y en ait un. Sautillant sur les fesses, toujours assit par terre, le jeune homme suivi Calypso jusque dans l'entrée de son box, sans dépasser la fatidique ligne qui séparait box et couloir. Là, il se pinça le menton, plissa ces yeux jusqu'à obtenir deux fentes et hocha la tête pour lui même.

« Donc, peut-être qu'on peut inventer une histoire d'autres employés qui cacheraient leurs capacités et qui cherchent un bouc émissaire - une nouvelle par exemple ! - pour lui faire porter le chapeau des sabotages qu'ils font, alors qu'en fait c'est toi et qu'en fait, tu essayes de les empêcher et de, et que... »

Si cette scène s'était déroulée dans un dessin animé, actuellement, de la fumée seraient en train de sortir des oreilles de Lucian, en même temps que son cerveaux fuirait via ces mêmes conduits auditifs. À la place, ce dernier hurla que tout ce raisonnement farfelu était trop compliqué à suivre, surtout pour le résultats qu'il pourrait obtenir. Et que le jeune homme s’emmêlerait les pinceaux avant même d'avoir pu dire « et ». Piégé à son propre jeu, Lucian se mit à rire avec légèreté et adressa un sourire à Calypso.

« D'accord, d'accord, j'abandonne ! Désolé ! »

Puis reprenant un peu son sérieux, il adressa un petit sourire d'excuse à la jeune femme.

« Tant qu'il ne me dérange pas, je veux juste bien faire ici. Je dois pas me faire virer, j'ai besoin de ce boulot, on vit pas bien des allocation chômage et prime de licenciement. Alors, est-ce que je peux espérer que tu ne sabotes pas mon boulot ? » Petit regard digne d'un chaton mouillé. « S'il te plaît ? »

Puis reprenant son air idiot plus habituel, sans même attendre que la jeune femme réponde, il lança sur le ton chaleureux :

« Enfin, si bien sûr je m'adapte ici ! Si jamais ça ne va pas, évidement, je présume que je n'aurais pas beaucoup de réticence à ce que tu t'amuses avec mon propre travail ! »

Et bien sûr, c'était sous condition qu'il trouve réellement ce qu'il allait faire, comme travail, justement. Mais Lucian sembla omettre ce problème là pour le moment.

Calypso avait beau écouter le jeune homme elle devait être sérieusement en train de perdre le fil de son raisonnement. Elle espérait sincèrement qu'il n'allait pas commencer à lui demander son avis sur ce qu'il racontait car elle aurait été incapable de répondre quoi que ce soit. Quoi que ce soit de bien gentil car après elle pouvait toujours l'envoyer voir ailleurs si elle y était ... le problème restait à savoir si il l'écouterait puisqu'elle avait eu la bêtise de lui affirmer qu'il ne fallait pas qu'il prête attention à ce qu'elle disait quand elle s'énervait.

Heureusement le jeune homme avait l'air de s'y perdre tout autant, dans ses explications. Enfin Calypso retint un soupir de soulagement quand Lucian abandonna en s'excusant. Calypso avait presque envie de lui dire qu'il ne devait pas s'excuser et que c'était à elle plutôt de le remercier. Mais évidemment il aurait demander pourquoi cela et alors il aurait été quelque peu embarrassant d'avouer qu'elle devait le remercier qu'il se soit tu ... en fait non ce n'était pas embarrassant. C'était méchant, chose qui en soit ne dérangeait pas Calypso mais bon ... un peu de tact de temps en temps ne faisait pas de mal.

Quand le garçon lui laissa enfin quelques secondes pour parler, Calypso soupira :

"Franchement tu crois que je vais m'amuser à te faire virer toi ? Cela me dégouterait trop d'abord de voir que quelqu'un d'autre que moi se fasse mettre à la porte surtout si l'autre n'est pas en faute et que moi je n'arrête pas d'en faire et que l'on ne me remarque jamais. Deuxièmement je ne vois pas comment je pourrai te faire virer : ce n'est pas ta faute si ton ordinateur plante quand tu travaillais dessus ! De toute façon tu n'avais qu'à enregistrer tes travaux ou même tu n'as qu'à pas travailler sur un ordinateur tout court ..."

D'ailleurs quelque chose était en train de revenir à l'esprit de la jeune fille et au fur et à mesure qu'elle rembobinait la conversation qu'elle avait eu depuis le début avec le jeune homme, un sourire ironique s'épanouissait sur ses lèvres.

"D'ailleurs ... en parlant de travail ... ne m'as-tu pas dit que ton contrat n'était pas précis ? EN vérité tu n'as pas de boulot précis ... je ne sais pas comment s'est passé ton entretien mais a devait être marrant !"

Bon maintenant qu'elle s'était bien moqué de lui peut-être pouvait-elle l'aider un peu.

"N'y a-t-il pas quelque chose que tu sais faire qui pourrait être utile ici ?"

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Tout commença par un léger picotement, situé près de l'orteil gauche. Sournoisement, il s'étendait, sinueux, dans tout le pied, s’amplifiant graduellement. Mais Lucian en resta de marbre un premier temps, préférant son dialogue avec Calypso. La houle colérique qui l'avait traversée semblait l'avoir définitivement quittée : elle répondait avec patience et calme, prononçant des paroles bien étranges et peut-être un peu déconcertante. Quel dommage de parvenir à établir un premier contact avec une jeune femme qui tenait tant à se faire virer !
La regardant et l'écoutant, Lucian eut un petit froncement de sourcils ennuyé, tout en s'obstinant à oublier le fourmillement qui lui prenait toute la jambe à présent. Mais ce dernier devenait féroce, le déconcentrant grandement.

Si bien que c'était à présent d'une oreille distraite qu'il écoutait Calypso, se forçant à l'attention, mais se trémoussant de mal-être de bipède à la circulation coupée. Ainsi, on pourra plus facilement comprendre son étonnement quand Calypso lui expliqua qu'en cas de faute, les gens se faisaient « mettre la porte » (quelque mots oublié, et c'est le drame ! ).

« Quoi ? S'exclama-t-il, on fait poser des portes aux gens qui sont en faute ? Mais, je n'ai pas de compétence de menuisier ! »

Puis soudainement, il se redressa vivement, sautillant sur ses deux jambes en alternance et émettant des petits cris de souris, entremêlé de « fourmis fourmis fourmiiiiiis ! ». La crise passa, Lucian resta simplement à masser sa jambes à travers son pantalon quelque secondes avec un sourire de benêt satisfait. Et ayant la concentration d'une balle de ping-pong, le p'tit Lucian oublia même ce qu'il disait peut de temps avant. Il chercha dans sa mémoire ce qui avait été dit et attrapa au hasard une bride de conversation qu'avait émit la jeune femme. Passé cette scène, gardons de préciser que les paroles qui suivirent perdirent toute leurs crédibilités :

« Ah, non, mon entretient s'est passé très sérieusement, les deux examinateurs étaient gentils et.. et sérieux. Ce n'était pas très « marrant ». Juste très « normal » ». Puis il marmonna pour lui même « Quoi que l'un des deux faisait des bruits étranges, entre les gloussements et les grognements, c'était assez... étrange... »

Lucian haussa les épaules puis se figea, stupéfait de ce qu'il comprenait.

« Quoi, ça serait pour ça que je n'ai pas d'emplois précis ? Je crois pas savoir faire quelque chose de spécial, je suis... j'ai rien de spécial, moi... alors, on sait pas quoi faire de moi ? »

Le jeune homme eut une mine dépitée, ses épaules s'affaissèrent et il croisa mollement les bras. En apparence, Lucian aurait très bien pu faire un monsieur Chewing-gum.

« Mais, je sais pas ce qu'ils veulent, non plus, c'est dur de parvenir à savoir quoi fournir dans ce cas... Mais... non, je ne sais vraiment pas ce que je sais faire de mieux que les autres... »

Même l'idée d'être le pitre benêt bien heureux, mascotte ou souffre douleur d'une société ne lui traversa pas l'esprit.

Calypso s'était bien demandée si le jeune homme l'écoutait, il avait eu l'air bien dissipé pendant un instant, jetant des petits coups d'oeil vers ses genoux mais la jeune fille pensait le jeune homme trop poli pour qu'il se permette de ne pas écouter la jeune fille d'une façon si voyante. Alors peut-être que c'était quelque chose dans ses propos qui l'avait dérangé ... Allons bon qu'est-ce qu'elle avait pu dire qui avait pu mettre Lucian autant mal à l'aise ?

Après un court moment de réflexion la Calypso se dit qu'au fond cela n'avait pas une grande importance. Si quelque chose le dérangeait, il n'avait qu'à lui dire ou lui poser la question sur ce qui lui posait problème. Mais la seule question qu'il posa fut quelque peu obscure pour la jeune fille qui ne voyait pas exactement de quoi il voulait parler ; certes elle avait bien parler de mettre les gens à la porte mais ... mais la phrase du jeune homme ne faisait aucun sens. Donc elle continuait à parler.

Donc oui, la jeune fille s'était bien demandée si le jeune homme l'écoutait mais sans plus aussi son cœur rata un battement alors qu'elle sursautait quand il se releva brusquement et se mit à danser d'un pied sur l'autre en poussant des petits cris ridicules.

Calypso resta un moment interdite. Fallait-il rire ? Se mettre en colère ? Calypso ne fit ni l'un ni l'autre car Lucian se mit à parler avant qu'elle n'ait pu reprendre une contenance. Comme si rien ne venait de se passer, le jeune homme entreprit de défendre sa position.

Sérieusement Calypso pensait qu'un entretien pouvait difficilement avoir été "normal" si l'examinateur avait eu un comportement si inhabituel. Même quand elle avait ses sorties les pires conneries, il n'avait pas bronché avec elle. Mais le "normal" de Lucian était-il le même "normal" que celui du commun des mortels ? Calypso commençait à en douter.

"J'en sais rien. Mais s'ils t'ont embauché c'est que tu dois bien servir à quelque chose ..."

*... aussi étonnant que cela puisse paraitre*

"Je t'assure qu'il n'y a pas grand monde qui embauche les gens à rien faire ... tu sais moi-même on m'a dit dans quel secteur je travaillais mais pour l'instant je n'ai croisé personne, je ne sais pas ce que je dois faire ... ce n'est peut-être qu'une question de temps, peut-être qu'il va y avoir une réunion avec tous les nouveaux si jamais ils embauchent beaucoup ces derniers temps. On verra bien."

Tiens ? Caly^pso avait-elle essayé de rassurer le jeune homme ? Non elle devait juste être en train d'énoncer ce qu'elle pensait et non pas faire preuve de gentillesse. Non rien que de s'imaginer cela elle en avait des boutons.

Sans poste fixe Messages : 140 Date d'inscription : 19/10/2010

Les box s'étendaient, comme une succession de petites boites posées les unes à côté des autres, et accueillaient entre leurs cloisons quelqu'un qui travaillait. Avec plus ou moins d’acidité, comme l'illustrait si bien le box de Calypso. Mais bon, se pardonnait le nouvel employé : visiblement, elle ne savait pas non plus ce qu'elle avait à faire de ses journées, à part être ici. Alors, ce n'était pas très grave s'il la dérangeait... non ? (du moins, tant qu'elle ne l'exprimait pas elle même). En plus, au moins, elle était là où elle devait être, ELLE. Bon, techniquement, sans emplois fixe, Lucian pouvait se considérer comme un électrons libre, non ?

En levant un peu la tête, on pouvait presque voir une œuvre abstraite composé de haut de muret. Lucian se demandait vaguement, s'il serait amené à faire un travail de ce genre d'endroit. Sans doute que non : si on avait su qu'il serait mieux employé ici qu'ailleurs, il y aurait déjà été. Un peu nulle part et un peu partout ? Pourquoi pas. Pendant quelque secondes, il s'en découragea. Il soupira, mais se ressaisit en se frottant le bout du mentons, les yeux plissés sous l'effort d'une réflexion.

« Oui, c'est sans doute vrai, on embauche pas quelqu'un pour rien faire. »

Oui, c'était logique et tombait sur le sens, même !

« Maintenant, il ne reste plus qu'à espérer qu'ils ne me virent pas pour inactivités ! » finit par rire le jeune homme.

Puis, après tout, pourquoi s'en inquiéter maintenant ? Il haussa les épaules, monta les paumes de mains au ciels puis déclara :

« Tant pis, je saurai bien ça plus tard ! Mais dis-moi ? Tu me montrerais ton... truc avec les ordi ? »

Après tout, s'ils n'avait toujours pas très bien compris de quoi il était question, rien de telle qu'une bonne démonstration pour comprendre, non ? Lucian leva les yeux en l'air, cherchant ses mots :

« Chose. Machin. Camion. Don ! Tu me montres ton don avec les ordi ? »

Son sourire (quoi, vous doutiez qu'il souriait ?) s'effaça en une mine polie quand il ajouta :

« Ou sinon, je peux peut-être continuer à chercher ce que je dois faire ici ! Et c'est pas en restant dans ce box que je saurai, je pense... »

[HJ : jeeee commence à être à cours d'idée, j'avoue ! 8D Si tu veux continuer le sujet, prend la solution 1, sinon, prends la solution 2 ! 8D ]

Allons bon Lucian semblait penser qu'elle disait vrai. A vrai dire elle se sentait bien incapable de deviner la moindre chose de ce que les gens qui les avaient embauché pouvaient penser. D'ailleurs n'y avait-il pas quelque chose de louche derrière tout ça ? Ils n'allaient tout de même pas faire des expériences sur eux ou quelque chose comme ça ?

...

Calypso venait de bugger. Sous le choc de ces pensées, elle devait ressembler à un fantôme, le teint pâle, une expression ridicule de cri silencieux sur les lèvres. Il faudrait qu'elle repense à faire cette tête quand elle aurait envie de changer de copain. Une bonne expression comme celle-ci au bon moment -par exemple quand il te dit "je t'aime"- et hop tu ne le revois plus.

Toutefois embarrassée d'avoir fait une telle tête inconsciemment -oui Calypso pouvait être encore plus bizarre qu'habituellement- Calypso entreprit de reprendre rapidement le fil de la conversation. Montrer son don ? Comment pouvait-elle montrer son don ? Qalypso tourna la tête vers son ordinateur dont l'écran s'était mis en veille comprenant que sa propriétaire n'était pas prête de l'utiliser avant un petit bout de temps. Soudain sans que personne ne touche, l'ordi se remit en marche. Naviguant grâce aux bus entre les mémoires, Calypso chargea l'application du lecteur windows média player ainsi qu'une musique bien bourrine dans la mémoire vive. Juste le temps d'augmenter le son et

...

La musique éclata à travers les amphis. Calypso, prête, s'était bouchée les oreilles. Quelques secondes plus tard elle replaçait la suite de 0 et de 1 dans le disque dur.

"C'est bon je te libère, tu peux aller chercher ce que tu dois faire des fois que tu trouves. Et si tu n'as rien compris à ce qui vient de se passer précédemment, tu n'auras qu'à te dire que c'était un fantôme."

Calypso adressa un merveilleux sourire qui disait "bon ça va bien un moment mais là tu commences à me souler" et entreprit de se replonger dans son ordi -cette petite expérience lui avait rappelé combien elle était plus au calme dans son monde de 0 et de 1 ... Elle s'y replongea et s'y perdit. Pour tous les gens extérieurs à son monde, elle ne ressemblait plus qu'à une pauvre fille aux yeux vides fixés sur l'écran d'un ordi. Une pauvre demeurée comme aurait dit ses parents. Qu'importe, elle avait son monde.

Sans poste fixe Messages : 140 Date d'inscription : 19/10/2010

La jeune fille marqua un temps de silence, ainsi, respectueusement, un sourire flânant éternellement sur ses lèvres, Lucian attendit. Puis, sans qu'il ne se soit dit quoi que ce soit, voilà que le visage de son interlocutrice se défigurait en une caricature d'effrois, semblant crier silencieusement, ce à quoi il lui rendit un sourire interrogateur, les yeux ronds de surprise également. Il se tourna, peut-être avait-elle aperçu quelque chose ? Mais non, à part le mur de l'autre box, rien à signaler. Ainsi, il questionna :

« Quelque chose de va p... »

Mais violemment, une musique l'interrompit, sans pourtant que Calypso n'ait bougée. Oh, ça devait être ça son truc ! Enfin, il figurait. En fait, il n'en savait rien. Alors, non, on ne pouvait pas vraiment dire qu'il avait comprit quelque chose. Obéissant, il hocha la tête aux dernières paroles de la jeune informaticienne et comme s'il s'agissait d'une formule magique, il répéta :

« C'est un fantôme. »

Minute de réflexion, sourcils qui se froncent et bouche qui se tord.

« Mais les fantômes, ça n'existe pas ! Et ça ne m'a pas aidé à mieux comprendre en fait, avoua-t-il un peu penaud. Et... et c'est gentil de me libérer... mais... mais je n'étais pas prisonnier jusqu'à maintenant, non ? »

Aux dernières nouvelles, il aurait bien pu partir quand il le voulait. À moins qu'il y avait quelque chose qu'il ignorait ? Bon, qu'importe, la journée comportait assez de mystère comme ça sans qu'il ne cherche à en rajouter. En plus, il semblait visiblement que Calypso avait un travail fort important à faire puisqu'elle se posta devant son ordinateur et en sembla soudain comme hypnotisé. Lucian se hissa sur la pointe des pieds pour tenter de comprendre, mais non, il ne vit rien qui l'aidait.

« C'est un fantôme » se répéta-t-il.

Décidément, cette phrase ne semblait pas bien fonctionner avec lui. Avec un petit soupir, il se baissa, ramassa ses affaires, sa bobine bleue et se tourna une dernière fois vers le box :

« Bon, bien, heu... au revoir et bonne chance ! »

Bonne chance pour quoi au juste ? Se faire virer ? Qu'importe, peut-être changerait-elle d'avis, pensa le jeune homme plein d'espoir.

Cette pelote bleue était vraiment grosse. Par où commencer ses recherches quant à son nouvel emplois ? Et bien, à la réception, peut-être. Déjà, au moins, pourra-t-il rendre le fil en s'excusant platement de ne pas avoir réussit à mieux la ranger qu'en cette grosse bobine bleu. Mais décidément, c'est fou comme il y avait plus de fils qu'il ne l'avait imaginé !