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 Lucian Raspberry.

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Lucian Raspberry
Sans poste fixe

Lucian Raspberry

Messages : 140
Date d'inscription : 19/10/2010

Lucian Raspberry. Empty
MessageSujet: Lucian Raspberry.   Lucian Raspberry. EmptyMar 19 Oct - 15:34



«  Et bien, merci et heum... au revoir ! »

Le jeune homme se lève de sa chaise et quitte calmement la salle, laissant les deux employés chargés des entretiens d'embauche entre eux. L'un, Daniel, sourit en éteignant la petite caméra posée devant lui, l'autre, Yoan, soupire en s'étirant. La salle est blanche et informelle, meublée de seulement une table ovale où d'un côté se trouve les deux employés, chacun assit dans des sièges confortables, et de l'autre, une petite chaise moins confortable. Une grande baie vitrée, placée derrière les deux employés inonde de lumière cette salle qui définitivement, n'est pas faite pour mettre à l'aise.

« Et un de plus. Baille mollement Yoan.
- Yup. T'en penses quoi du dernier ? Quémande distraitement Daniel.
- Huuuuum, et bin...
- Je vous arrête tout de suite. »

Les deux employés lèvent la tête, surpris par cette intervention. Sans qu'ils ne s'en rendent compte, une jeune femme est rentrée et a même fermé la porte. Elle a les poings sur les hanches, les sourcils froncés, une mine boudeuse, une robe rouge et des cheveux noirs. Et des formes d'une pinups des années 50, mais dans un modèle de 20 ans, même si son maquillage la vieillit. Impossible de ne pas la voir, et pourtant, c'est comme si elle s'était téléportée, discrètement et sournoisement, sans se faire remarquer.

« Vous êtes ?
- Aucune importance, rétorque cette dernière sèchement.
- Vous êtes là pour un entretien ? Demande l'autre employé à la rescousse de son collègue.
- Pour un métier de débile aliénant ? Certainement pas !
- Vous êtes là pour quoi dans ce cas ?
- Le gars qui vient de sortir. Vous l'embauchez ?
- Et bien... hésite Daniel.
- Cette information ne vous regarde pas ! » Coupe Yoan sur la défensive.

Un silence s'installe dans la salle entre les trois personnes. Puis la pinup soupire et grogne.

« Ah, je savais qu'il serait incapable de se présenter correctement ! Il a le charisme d'une courge et la capacités de se vendre d'une lotte. Bon, pas le choix, montrez moi l'entretien.
- Pardon ?
- Votre caméra là. C'est bien pour filmer l'entretien ? Aller, pas de chichi, montrez moi ça ! J'vais vous le vendre, moi, cet idiot !
- Et bien en fait... commence doucement Daniel
- Au trot ! » Coupe sévèrement la jeune fille.

D'un pas énergique, elle vient se positionner entre les deux employés, se penchant assez pour que les deux hommes aient une vue direct sur son décolleté. Belle vue au balcon, pensent-ils en se rinçant l’œil. S'ils seraient bien restés ainsi quelques heures de plus, le tambourinement agressif des ongles de la pin up sur la table leur suggéra que ce n’était pas une riche idée. Et sans savoir réellement pourquoi, Daniel lança la vidéo, se soumettant à l’oppressante aura d’autorités de la jeune femme.

CV

Lucian Raspberry. Identi13

L'image grésille quelque seconde, puis enfin, on voit un jeune homme, assit sur une chaise, les mains sur les genoux. Il a un air un peu stupide et perdu, mais reste calme, affichant un doux visage de benêt.

« Ça ne vous gène pas que l'on filme l'entretien ?
- Non, répond-il poliment, pas tant que ça.
- C'est pour le travail, explique la voix de Daniel.
- Oui, d'accord, très bien, acquiesce le jeune homme.
- Si vous désirez qu'on coupe, vous nous prévenez.
- Coupez quoi ?
- La camera.
- Hein ? Mais ça ne revient pas cher ?
- Heu, non, non.
- Et à mains nues ?
- Bien, oui...
- C'est incroyable, ça... »




On entend quelqu'un se racler la gorge, puis la voix de Yoan, moins aimable, lance :

« Sur votre CV, je lis... »
   
  • NOM: Raspberry
       
  • PRÉNOM : Lucian
       
  • ÂGE : 24 ans
       
  • DATE DE NAISSANCE : 19 Octobre 1984
       
  • NATIONALITÉ : Anglais.

« Est-ce exact ?
- Oui, ça l'est... ça ne devrait pas ? »

Mais visiblement, Yoan ne semble pas d'humeur à répondre. Ainsi, rapidement, il reprend :
  • TALENT ?

- Je n'en ai pas vraiment... Répond le jeune homme penaud.
- Pas de talents ? Quelque chose de bien ou d'étrange vous concernant ? Questionne patiemment Daniel.
- Non, je ne crois pas. »
La jeune femme appuie sur pause, irritée et grince des dents.

« Ah, mais quel idiot ! Il en a un, de « talents » ! Si on peut appeler ça comme ça et même si lui ne s'en rend pas compte. C'est un « magicien de la procrastination ». Et tout les éléments l'entourant semblent l'encourager dans ce sens. Tenez ! Vous, vous aimez faire des chaines de trombones.
- Même pas vrai ! Se défend Daniel sur le ton d'un gamin.
- Mais vous vous arrêtez dès qu'il n'y a plus de trombone dans la boite. Lui, il y aura toujours un trombone tant qu'il sera en train de faire sa chaine. Vous comprenez ? Rien n'empêche sa procrastination, sauf lui ou quelqu'un d'autre. S'il fait un château de carte, alors, il y aura des cartes dans le paquet (rien que des joker). Ça « apparaitra » ! S'ils fait une mosaïque de post-it, il y aura une infinité de post-it dans le paquet qu'il tient, et toujours de la couleur dont il aura besoin. Et j'en passe ! Et tout ça prend toujours des proportions hallucinantes ! S'il plie une feuille pour faire un origami, alors, même sans avoir de modèle, il aura un résultat inespéré et incroyable ! Ses cathédrales de cartes tiendrons debout, même s'il est sur une chaise pour atteindre le sommet ! Ses sculptures de trombones seront plus grandes que vous et tiendrons comme par la volonté du Saint Esprit ! Ses chaines feront le tour d'un étage et... Oh. »

La jeune femme se calme soudain, arrêtant ses moulinet de bras. Elle finit par se mordiller un ongle, anxieuse.

« C'est pas très bon de présenter quelqu'un pour un entretien en disant que c'est un roi du glandage, hein ? Bin, sachez que son truc, c'est idiot, mais ça peut servir. On peut réutiliser les choses, hein. Les trombones qui apparaissent, ils disparaissent pas. Pas de pénurie de trombone. Ni de Post-it. »
Elle rigole nerveusement et appuie sur la touche lecture de la caméra, relançant la vidéo.

« Bon, on continue ? »

Lucian Raspberry. Identi15
C'est la voix de Daniel qui reprend calmement l'entretien. Le jeune homme semble toujours calme, bien qu'un peu dépité par ce début peu glorieux.

« Bon, ce n'est pas bien grave. Peut-être pourriez-vous nous parler de...
  • Votre histoire ?

- Mon histoire ?
- Oui !
- Quel moment ?
- Comment ça quel moment ?
- Je peux vous raconter l'histoire d'Angleterre entière, mais je ne me souviens pas de tout, c'est long, et...
- Ah, non, nous serions plus intéressée par VOTRE histoire. Pas que vous récitiez l'histoire que vous avez apprit en classe.
- MON histoire ?
- Oui ! celle qui vous a conduit ici !
- C'est plutôt un plan qui m'a conduit ici. Et mes pieds, j'ai marché.
- … Certes. Maiiis, n'avez-vous rien à nous dire sur vous ? Votre passé ?
- Aaaaah ! »

La vidéo montre clairement que le jeune homme vient d'être traversé par un éclair de génie. Heureusement car même si on les voit pas, on peut entendre le calme de Daniel s’effriter et Yoan osciller entre incrédulité, fou rire et rage meurtrière. Cela se manifeste principalement par des grognements, à la limite entre le rire et les larmes, et des sons grotesques. Mais face à ce trait d'intelligence inespéré, les deux compagnons expriment un soupir soulagé qui en dit long sur l'espoir qu'ils ont quant à l'histoire à venir.

«  Hum, non, navré, je n'ai pas grand chose à dire. »

Le soupir suivant se fait plus déçut.

« Pas grand chose ?
- Même rien.
- Rien de rien ? Pas de mort, d'orphelin, de parents détestables et peu aimant, de meurtre, de tragédie ?
- Non, rien de tout ça je... Je suis né comme tout le monde, j'ai grandit dans une famille normale, eut une enfance normale, une adolescence normale et... et me voilà.
- Famille recomposée ?
- Même pas...
- D'accord... » commenta Daniel, le ton visiblement déçu.
Nouvelle pause de la brunette. Et nouveau soupir agacé de sa part. Elle croise les bras et ferme les yeux, la mine toujours énervée. Les deux employés l'observent en silence, attendant qu'elle ajoute quelque chose.

« Quel triple andouille. »

Cela, ils l'approuvent.

« Il a une histoire. Pas grandiose, pas de passé divins, pas de truc incroyable, pas de prophétie annoncée dans une boule de cristal. Mais il lui est arrivé quelque chose. Laissez moi vous raconter une histoire !

Vous connaissez les nuls ? Petits, ce sont les têtes de turc des plus balaises, ado, ce sont des cons dont personne ne veut dans les groupes de sport, jeunes adultes, ce sont des marginaux. Et bien, Lucian, il était même repoussé par ces groupes là. Il ne faisait rien d'incroyable, mais tout commence dans sa façon d'être. Quand on pousse quelqu'un, cette personne tombe. Les autres rigolent et vous vous sentez humilié, vous l'exprimez, c'est ce qui est drôle dans l'idée de vous pousser. Mais si vous vous relevez sans rien dire, en continuant votre chemin ? Personne ne rigole, ce n'est pas drôle. C'est ça, Lucian.

Il était juste ennuyeux à emmerder. Il ne réagissait pas, ne s'énervait pas, ne pleurait pas. Si bien que les gens le laissaient tranquille. Ou alors, ils allaient de plus en plus loin, pour voir ses limites. L'histoire commence quand une Petronella décide d'entrer dans ce jeu. Elle est jolie et bien faite. Elle a 19 ans, a repiqué 2 fois car plus occupée à se pouponner qu'à étudier. Elle a un côté exotique que les jeunes boutonneux adorent : elle fait adulte, leurs hormones s'en donnent à cœur joie et sont en folie. Et sans que personne ne comprenne pourquoi, elle jette son dévolue sur CE naze là. Elle sort avec lui, les autres sont jaloux, les brimades sont de plus en plus fortes. Lui, il croit à l'amour, le naïf.

Les jeunes de cet âge là sont parfois cruels et leurs réflexions ne vont pas plus vite qu'un escargot tirant une caravane. Ils finissent par coucher ensemble, une nuit.

Et le lendemain, le plan de la belle prend forme. Et c'était un plan cruel. En fait, cette fille, c'était qu'une pétasse. »

L'école ouvrait ses portes et laissait entrer un nombre impressionnant d'élèves, prêts à entamer ce dernier arc scolaire avant de percevoir les grandes vacances d'été. Certains affichaient des regards déterminés, d'autres des mines de bagnards, d'autres encore, des gueules de bois à cause d'une cuite réalisée la veille, lors d'une grande fête. Le soleil était radieux et tapait fort pour ce début de journée, si bien que les lunettes de soleil fleurissaient. Il en était un, pourtant, qui affichait un sourire tout aussi radieux que le soleil. Il s’appelait Lucian Raspberry, il avait 17 ans, et depuis hier soir, il n'était plus puceau. Mieux, il avait passé la nuit avec une créature sublime. Il ne comprenait pas ce qu'elle lui trouvait, mais lui sentait une chaleur s'épanouir dans son ventre : il était amoureux.

C'était être un peu crétin alors, car il ne pouvait s'empêcher de sourire, de chercher le visage de sa dulcinée dans la marée d'élève. Il n'avait rien à lui dire, il allait bien la voir en classe dans peu de temps, mais il s'en fichait : il avait juste envie de voir son doux minois. Ainsi, il serpentait, se faufilait, sautillait pour dépasser la tête des autres et ce, jusqu'à ce qu'il la remarque. Alors, il accourra à côté d'elle, heureux comme un coq, essoufflé de ce maigre exercice matinal. Mais arrivé à sa hauteur, Lucian se figea. Quelque chose dérangeait l’idyllique tableau qu'il s'était fait mentalement. Peut-être ce jeune aux allures pseudo-rebelles et aux cheveux rouges qui cerclait de ses bras les épaules de la jeune fille ? Possible, allez savoir.

« Et comme un bon toutou, le voilà qui accourt ! Hein, mon p'tit Lulu ? » Rigola Petronella.

Il fallut bien une bonne minute à Lucian pour sortir de sa torpeur.

«  Hein ? Un chien ? Mais c'est interdit dans l'enceinte de l'établissement !
- Non, c'est pas... c'est pas ce que je voulais dire, laisse tomber.
- Laisser tomber quoi ? Je tiens rien...
- Bref, s'énerva Petronella. Qu'est-ce tu veux ? »

Rien, justement. Lucian ne voulait vraiment rien. Ainsi, il resta bête quelques minutes, à regarder le jeune homme qui tenait Petronella entre ses bras. Il était plus grand. Plus fort. Il passait son temps à le pousser sans que Lucian ne comprenne pourquoi (sans doute de la maladresse). Mais il ne savait visiblement pas faire une couleur de cheveux correcte : son rouge oscillait entre la tomate trop mûre et trop moisie. Il tenait entre ses lèvres un cure-dents qu'il mâchait à la mode d'un loubard vieillot. Quel étrange personnage pensa distraitement Lucian, en penchant la tête sur le côté, observant l'élève de près pour la première fois.

«  Rien, je voulais juste te voir. Finit-il par répondre simplement.
- Pour ?
- Rien de spécial. Juste te voir, répéta Lucian . C'est qui lui ?
- Ah, Cédriiiiic... »

Petronella sourit. Ça y était, son poisson mordait enfin à l’appât qu'elle lui agitait frénétiquement devant le nez depuis tout à l'heure. De ses doigts graciles, elle guida la main de Cedric sur son sein, pour l'inciter à la peloter un peu, et lui attrapa vivement le cure-dents avant de le jeter par dessus son épaule. Le prénommé Cédric émit une protestation qui fut calmée par un baisé langoureux de la jeune fille, sous le regard désabusé de Lucian . Quand elle eut finit, ce fut la gorge sèche qu'il parvint à articuler :

«  Petr... Nel... Mais qu'est-ce qu'il se passe ? »

La jeune fille eut un rire hautain et se passa nonchalamment la main dans les cheveux, l'air satisfaite.

« N'est pas assez clair ?
- Qu'est-ce qui devrait être clair ? Le temps ? Si, il l'est... Oh, si c'est de tes cheveux que tu parles, ils le sont moins...
- Mais non, idiot. Cédric, c'est de Cédric que je parle. C'est mon petit copain.
- Il est plutôt grand pourtant.
- Donc, continua Petronella en ignorant délibérément la dernière remarque, maintenant tu me lâches la grappe.
- Pardon, mais... mais je ne te tiens pas, et... et je ne vois pas de quel grappe tu parles.
- Joue pas avec les mots, tire toi !
- Me tirer ? Comment veux-tu que je fasse ça ? je suis pas un élastique...
- Bon, alleeeez, barre toi !
- Mais je ne vois pas de barre.
- Rha ! Mais tu le veux en quelle langue ?
- Heu, avec une dans la bouche, et en anglais, si c'est bien ce que tu demandes....
- Mais t'es con, ou bien...?! »

Lucian resta silencieux quelques secondes. Il comprenait, à peu près, sans doute. Les joues de Petronella étaient de plus en plus rouges. Lui trouvait ça mignon. C'était sans doute pour ça qu'une partie de lui s'obstinait à nier.

«  Pardon, mais je ne comprends pas ce qu'il se passe.
- Ce qu'il se passe ! »

Petronella rejeta le bras de Cédric et alla se planter devant Lucian en le pointant du doigts. Elle commençait à voir rouge.

« Ce qu'il se passe, c'est que maintenant, je veux que tu chiales, je veux que tu me supplies de retourner avec toi, que tu te roules par terre en pensant à la nuit dernière, que tes pensées soient toutes tournées vers moi !
- Pourquoi je ferais ça ?
- Car je t'ai tendu un piège ! Je t'ai aguiché avec mon corps, je t'ai rendu dépendant de moi ! Y'avait un piège gros comme une maison, et tu es tombé dedans ! »

Lucian regarda ses pieds.

« Pardon, mais je suis encore debout. Et je ne vois rien par terre. »

Quelques jeunes s'étaient attroupés autour de la scène, en conservant un bon mètre de sécurité. Une dispute, c'était toujours drôle à regarder. Ça l'était encore plus quand l'une des filles les plus populaires de l'établissement humiliait l'un des plus impopulaires.

«  En fait, tu veux qu'on arrête de se voir. Murmura tout doucement Lucian.
- Voilà ! Je ne veux plus que tu m'approches à moins de 100 mètre !
- Et nos sorties, c'était juste un jeu d'acteur, pour toi ?
- Oui !
- Car il n'y a pas d'amour ?
- Tu comprends enfin !
- Oh, je croyais. » Lucian eut un soupir déçut et triste. «  Alors, même hier, c'était rien ?
- Non, juste une mauvaise soirée regrettée, mon pauvre p'tit vieux.
- Ah, d'accord. Enfin, 17 ans, c'est pas vieux, mais c'est vrai que je suis petit. »

Quelque chose se passait mal, pensait Petronella. D'habitude, sa tactique de briseuse de cœur rendait les jeunes fous, voir parfois violents, injurieux. Le mieux, c'était quand ils étaient pitoyables et se mettaient à supplier. Mais là, il n'y avait rien. Lucian gardait un calme serein, quoi qu'un peu triste de réaliser, et surtout, la tête haute. Il ne montrait pas qu'il la voulait encore, ni qu'il regrettait de s'être fait avoir ou d'avoir été manipulé et ça perturbait la jeune fille. Elle se déplaça près de Cédric et remit un bras autour de ses épaules.

« Maintenant, si tu pouvais dégager le plancher...
- C'est du goudron, pas un plancher, fit remarquer Lucian.
- Bon, si tu pouvais me laisser seule avec Cédric...
- Je peux partir, mais te laisser seule, ça va être dur avec les gens qui regardent.
- ça suffit, pars maintenant !
- Oui, d'accord, désolé. »

Lucian se tourna alors lentement vers le reste de la foule. Certain lui lançaient des regards désolés, d'autre moqueurs voir rieurs. Petronella baissa les yeux, trouvant sa gorge étonnamment sèche et sa salive amère.

«  Pe-Petronella ! Je... Je suis désolé. Je me sentais bien, et... et je croyais que toi aussi, j'ai pas fait attention, désolé.
- Tu t'humilies un peu plus, là. Ne me parle plus, si tu veux que les autres arrête de te regarder misérablement. »

Et appliquant ce conseil au pied de la lettre, Lucian fondit dans la foule, sans dire un mot. Beaucoup d'élèves sifflaient, riaient, se moquaient. D'autre s'en allaient en silence. La jeune fille, elle, enfouit quelque instant sa tête dans le torse de Cedric, avec un sentiment grandissant... de déceptions.

« Les choses ne s'étaient pas du tout passées comme cette gamine l'avait espéré. Elle s'était attendu à quelque chose de violent, pas une réaction aussi douce. Pire ! Il s'était excusé, remit en cause ! Il avait été gentil... C'est drôle de larguer quelqu'un qui proteste, qui est macho. Pas quelqu'un qui avec sincérité, respecte les 100 mètres. Qui n'ose plus rentrer en cours et se fait punir à tour de bras. Qui a un regard triste quand il la regardait de loin. Les moqueries à son encontre se sont multipliées, après cet accident, mais je ne suis pas certaine qu'il l'ai remarqué. Par contre, Petronella, elle... Elle a ressentit des remords. Elle était moins vive, courait moins les hommes... Et quelque mois plus tard, elle disparut de l'école, sans laisser de trace.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. La vérité, c'est qu'un an plus tard, les diplômes passés et les études supérieurs commencées, elle réapparait, mais avec un môme dans les bras. Elle n'a pas d'argent, ses parents l'ont répudiée, ses ex l'envoient balader, elle est désespérée. Alors, elle fait croire à l'autre idiot que c'est son gamin. C'est peut-être vrai, c'est sans doute faux. Comment vérifier ? Et Pourquoi ? Son plan marche : il ne cherche même pas à savoir si c'est vraiment son gosse ou pas. Il l’accepte ! Il arrête ses études et commence les petits jobs. Il l'aide à se sortir de la crasse où elle est, il les loge, les nourrit, subvient à leurs besoins, à elle et l'enfant. Sans rien demander en retour.

Et le pire, sans doute, c'est qu'alors, peut-être bien qu'elle se met à avoir des vrais sentiment pour lui. C'est ça, son histoire. »
Les deux employés regardent la pin up, la bouche grande ouverte. Ce n'est pas l'histoire la plus fabuleuse qu'on leur ait raconté, mais au moins, la jeune fille y mets de la passion. Ils attendent une suite. L'épisode suivant qui raconte combien la princesse devient heureuse et qu'elle donne le jour à un nouvel enfant, issu de l'amour entre ces deux êtres que tout prédestinait à la mésentente. Mais la suite ne vient pas, il n'y en a pas. Yoan cligne des yeux et finit par rompre le silence.

« Il a 24 ans, et a déjà un môme depuis le... Lycée ?
- M-mais... bafouille Daniel, Petronella, c'est...
- On continue. »

On entend un petit raclement de gorge gêné de Daniel, un bruissement de papier qu'on fouille, avant que Yoan relance abruptement :

« Parlez nous de vous.
- De moi ?
- Non, de la chaise ! Ironise Yoan un peu agressivement
- Et bien, elle est confortable et...
- Non, non, vraiment de vous ! » tente de rigoler la voix légèrement crispée de Daniel.

Lucian lève alors les yeux, comme pour réfléchir. Les secondes s'égrainent durement, looonguement, quand enfin, le jeune homme se met à parler.

«  Je suis châtain.
- Hein ?
- J'ai des yeux noir et une peau un peu mate. Je crois que j'ai un parents qui vient du sud. Je fais 1m 74 et 66 kg. Eeeet...
- Attendez, vous nous faites votre...
  • Description physique.

- Nan, mais en f... » coupe Daniel avant d'être coupé par une mise en pause.

« Moi je peux ajouter quelque trucs. Ses cheveux, c'est qu'il ne pense pas à aller au coiffeur. Donc, ils sont propres, mais de toutes les longueurs. Il les attache en catogan pour que ça soit pratique.
Il a un visage ovale et un peu juvénile, et des grands yeux noirs plutôt désarmant de naïveté. Son nez est peu proéminent et légèrement aquilin. Il sourit souvent et a un air plutôt doux. Il se rase de très près, car oui, c'est étonnant, mais c'est un homme, donc, il a de la barbe. Mais une fois rasée, elle ne se voit plus. Ça le rajeunit drôlement. Et il a les oreilles un peu décollées.
Il a des épaules toutes frêles et pas du tout d’abdo. Il a un tout petit début de brioche, au niveau du ventre, mais ne lui dites pas, il vous répondra que « c'est faux : il n'a pas de pâtisserie sur le ventre ». Il a aussi un début de « bourrelets d'amour » sur les côtés. En fait, il n'est pas très physique : on a l'impression qu'il est mou et que ses muscles se sont transformés en chewing-gum. Cette impression se confirme par le peu de tonus musculaire dont il fait preuve : il n'est pas fort et peine parfois à juste ouvrir un pots de confiture. C'est une chiffe molle en fait.
Bras et jambes dans les même genre : fins et sans muscles apparents. Ça manque cruellement de virilité tout ça.

Sinon, il s'habille toujours avec des vêtements doux, du coton, de la laine douce, du velours... Car il a la peau un peu sensible. Et avec des couleurs aussi douce et neutre. Et souvent, ça serait dans un style très passe-partout. Oui, réfléchissez deux secondes, vous vous en souvenez du bonhomme qui est entré dans votre bureau il n'y a même pas vingts minutes ? Non, et c'est normal. Lucian n'a strictement rien de mémorable. C'est un type commun et normal, qu'on oublie rapidement. Mais bon, il en faut bien. »
Lentement, Daniel et Yoan acquiescent d'un même mouvement.

« D'accord, mais...
- Quoi ? Il vous faut que des bourrins canon dans votre boite ?
- Non, mais... Mais en fait...En fait, on sait bien pour le physique, on l'avait vu en face de nous... mais... »

Timidement, Daniel appuie sur le bouton lecture.

« ...ait, j'aurais préféré que vous nous fassiez une...
  • Description Morale.

- Voilà ! Qu'on sache à quoi s'attendre de vous dans notre entreprise. Vos réactions, vos amours, vos phobies...
- Oh ! D'accord, et bien...
- ...
-
- … Oui ?
- Heu, non, je ne vois pas... Je crois que je suis quelqu'un de normal dans l'ensemble. J'ai des sentiments comme tout le monde, je m'énerve, je suis content... comme tout le monde, je dirais. Je suis peut-être... heum... patient ? Je ne crois pas avoir de phobies, les araignées ne me dérangent pas. À part ça, je ne vois pas très bien... »
Pause.

« Ah, vous vouliez ça... Bon, et bien, non, il n'est pas si normal que ça. Vous l'avez déjà remarqué, non ? Il ne comprend pas le figuré. Quand on parle par image, il ne pige pas. L'ironie, le sarcasme non plus. Les expressions pareil. L'est très nature comme garçon : il comprendra ce que vous lui direz, c'est tout. C'est bien, car alors, il est sincère quand il parle, il le fera sans sous-entendu ou d'ambiguïté. Mais parfois, comme c'est abrutissant de devoir chercher des mots simples pour lui parler !
Par contre, ça ne veut pas dire qu'il ne sait pas mentir ou qu'il ne comprend pas quand on ment. Il sait mentir.
On notera aussi qu'il manque d'humour, s'il en a vraiment, en fait. Si vous vous cassez la gueule, c'est triste, mais ça fait rire. Blague de la peau de banane. Lui ne rigolera pas. Lui ira vous voir et vous aidera à vous relever. Lui regardera les autres avec incrédulité, ne comprenant pas les rires. Alors finalement, il sourit, mais ne rigole pas.
Car, oui, il est gentil aussi, le Lucian. Il est doux, tranquille et crédule, plutôt serviable et non, je n'ai pas souvenir de l'avoir vu s'énerver un jour, contrairement à ce qu'il dit. Il se dit patient, il est très patient ! Il peut expliquer inlassablement quelque chose à quelqu'un.
C'est tout ça qui le rendait tellement chiant à emmerder : il ne réagissait qu'avec mesure et calme. Et il ne comprenait pas qu'on le martyrisait.
Il est très facile à vivre en fait, si on ne s'énerve pas de devoir lui parler simplement, sans image et sans fioriture, sans sous-entendu (qu'il ne comprendra pas)...
Et en ce moment, vous vous dites qu'il est simplet, pas vrai ?
- Ouaip. Répondent en chœur les deux employés.
- Bah c'est étrange, mais c'est même pas tant le cas que ça. Ou alors si... Enfin, c'est compliqué. En fait, il peut être intelligent, si on lui explique clairement les choses. Ses études se passaient très bien, par exemple. Et il peut comprendre les choses. Des fois, admettons qu'il peut être lent. La rupture de la pétasse, par exemple, il était un peu sous le coup de l'émotion et déconnecté pour bien comprendre ce qu'il se passait. Mais il n’est pas si bête que ça. Je pense qu'il se doute que le gosse peut ne pas être de lui, mais je crois simplement que ce n'est pas important pour lui. Alors, il n'en demande pas plus. Il n’est pas bête, mais a un mode de raisonnement très étrange que peu de gens peuvent bien comprendre.
Par exemple, il a ses phases « rêveuses », lorsqu'il ne se passe rien ou qu'il s'occupe les mains. Là, je ne pense pas qu'il rêve vraiment. En fait, je crois, moi, qu'il ne pense à rien. Pour lui, c'est agréable de se vider la tête de temps en temps.

Alors non, il n'est pas si normal que ça. C'est un mélange entre quelque chose de simple et complexe. Tellement simple qu'il en devient complexe. Ou quelque chose dans ce genre. Oh, j'en oublie p'tet, mais ça doit être plus informatif qu'un simple « je suis normal », non ? »

Encore une fois, les deux employés approuvent de la tête sans rien dire. Ils ajoutent intérieurement que le bonhomme est incapable de faire preuve d'un peu d'introspection, vu sa capacité à se décrire, qu'il doit être plutôt modeste et qu'il ne semble pas franchement trouver intéressant de parler de lui. Si c'est vrai, ça explique sans mal cet entretien désastreux.
Inlassablement, et sachant que la vidéo était presque finie, Daniel appuie sur le bouton lecture de la camera.


« Bon au moins, je m'habitue à ces réponses, Ironise Yoan. J'étais certain qu'il répondrait ça, c'est bien !
- Oui, c'est très bien ! Encourage Lucian.
  • Pourquoi voulez vous rejoindre les rangs de la Waldon?
Questionne enfin un Daniel blasé, presque impatient d'en finir.
- Oh... émet le candidat. Et bien... J'ai mit mes études en pause, pour le moment, car je dois trouver de l'argent. C'est bête comme raison, mais c'est seulement monétaire. Navré !
- Très bien... Et bien nous allons conclure cet entretien ici je pense...
- Comme vous voulez... »
Daniel met en pause et regarde machinalement la pin up, qui se redresse.

« Non, rien a ajouter. Il a quasiment pas de diplôme, c'est pas un génie, il travail où il peut. Et il a besoin d'argent. Ses parents lui en fournissent et regrettent qu'il ait stoppé ses études, mais respectent. Et il a vu l'annonce.
- Bien bien bien. »

« Bon. Je pense que mon collègue sera d'accord avec moi... M.Raspberry ?
- Oui ?
- Bravo, vous êtes engagé !
- ... Oh, c'est vrai ?
- Bien sûr ! Nous sommes très a cheval avec...
- Mais vous êtes sur une chaise !
- ...le respect de nos futurs employés. Vous recevrez bientôt votre contrats de travail, en attendant, je vais vous souhaiter une bonne journée ! »

Lucian sourit, l'un de ses sourires tendres et naïfs, crédules et stupides. Il serre la main des deux autres hommes l'un après l'autre.

«  Et bien, merci et heum... au revoir ! »

Le jeune homme se lève de sa chaise et quitte calmement la salle.
« … Il a été engagé ? Dès le départ ?
- Oui, on a essayé de vous le dire mais...
- vous ne nous en avez pas laissé le temps. Grogna Yoan.
- Mais comment avez-vous pu engager un type pareil ?
- Quelqu'un d'aussi benêt...
- Aussi peu loquasse...
- Tellement réservé...
- Et stupide...
- Bizarre...
- Étrange.
- Décalé.
- On l'a prit.
- Oh. »

La jeune femme se lève et tapote son mentons du bout du doigts. Enfin, elle soupire et grommele.

« Ah, ça veut dire que j'aurais pu m'éviter cette peine, f... » Son téléphone sonne. Elle s’interrompt et décroche. Pendant ce temps, Yoan passe une main énervée dans ses cheveux tandis que Daniel pose son mentons sur sa main, accoudé à la table, un sourire accroché aux lèvres.

« Allô oui ? Oh, c'est toi... … alors tu as été embauché ? Ooooh, c'est super ça ! … Aller au resto pour fêter ça ? T'emballe pas trop, t'as p'tet le poste, mais pas le salaire encore. ... Non, je sais que tu n'es pas un papier cadeau et donc, que tu ne peux pas t'emballer... »

Tout en parlant, elle prend le même chemin que le jeune d'avant, s'énervant légèrement au téléphone. Avec espièglerie, Daniel fit « au revoir, Petronella ! », ce à quoi la jeune fille répond par un mouvement agacé de la main. Enfin, elle ferme la porte et la tension féminine quitta de même la pièce.

« C'était... ELLE... la fille ? Articula avec lenteur Yoan.
- Yup. Bon, une bonne chose de faite. » Il s'étire longuement, faisant craquer quelque os. « Et sinon... T'en penses quoi du dernier ? »


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  • ÂGE : 23 ans
  • Comment avez vous découvert le forum? Via un partenariat avec le forum Cap à L'ouest !
  • Avez vous été parrainé? Non, désolée !
  • Avez vous déjà pratiqué un meurtre sacrificiel sur l'un de nos clients? Bon par John
  • Le mot de la fin? THE END écrit blanc sur fond noir comme dans tous les films. J'ai un peu changé les codes HTML, j'espère que ça dérange pas ni sue ça bug chez les autres, j'y connais rien à ça... Et merci de votre lecture !

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John Rose
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John Rose

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MessageSujet: Re: Lucian Raspberry.   Lucian Raspberry. EmptyMar 19 Oct - 16:22

Ha! voilà qui est très intéressant.
Ton personnage est original et tout à fait... adorable... Ta fiche est vraiment différent,e je ne sais pas comment dire... En tout cas c'est complet, c'est drôle, c'est agréable à lire et je suis heureuse que tu aies fait intervenir les examinateurs.

Je vais tâcher de te trouver un poste intéressant!


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Luo Lewis
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Luo Lewis

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Talent: Rêves lucides, peut rentrer dans les rêves d'autrui.
Notes:

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MessageSujet: Re: Lucian Raspberry.   Lucian Raspberry. EmptyMar 19 Oct - 18:11

J'adore le fait que tu aies utilisé les examinateurs! tout tes personnages ont quelque chose de super attachant, même si c'est juste une fiche! et puis tu écris de manière très agréable xD j'ai hâte de voir lucian à l'oeuvre!
j'ai aimé le truc du papier cadeau. je l'avoue, j'ai ri xD et son don est tellement terriblement inutile qu'il en est culte.
bienvenue à la waldon!
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MessageSujet: Re: Lucian Raspberry.   Lucian Raspberry. Empty

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