Le radeau commençait à dériver. La houle le faisait tanguer sans le renverser pourtant. John, qui avait froid, cherchait la position qui lui permettrait de s’exposer le plus possible sa peau au soleil. De petites gouttes d’écume constellaient ses épaules, et le sel lui craquelait déjà les lèvres.
L’île disparaissait, petit à petit. Très vite, ils étaient seuls sur le grand océan, et peut être ç’aurait été inquiétant en temps normal mais John se sentait bien, sur son matelas en mousse. Ils voguaient vers l’inconnu – au sens propre – mais il ne doutait pas que son cerveau lui réservait d’autres agréables surprises.
Finalement, après peut être une demi-heure de silence, il dit :
« Vous n’avez même pas idée de tout ce qu’il y a dans ma tête, Luo. »
Un vague sourire flotta sur ses lèvres, il leva la main pour protéger ses yeux des rayons. Il pesait le pour et le contre. Fallait-il se rapprocher de Lewis, ne fallait-il pas… ? L’occasion tait bonne, mais il aurait fallu se déplacer d’au moins un bon mètre, et il se sentait tout engourdi. Il pesait le pour et le contre, dans un état de quasi-inconscience, ses pensées vagabondaient, il avait la tête vide. La mer clapotait gentiment, et il songea : si je vois un oiseau de mer d’ici dix secondes, je bascule Luo et je luis fais son affaire.
Un…
Il comptait, lentement, inutile de se presser. Il crut apercevoir une hirondelle de mer mais il ne s’agissait que d’une tâche dans son champ de vision.
Trois…
Allons bon. La nuit commençait à tomber… Ha, non, c’étaient juste ses paupières qui se fermaient toutes seules…
Sept…
Il soupira. Visiblement, son inconscient refusait de se laisser aller. À la neuvième seconde, il se tendit légèrement, dans ultime effort de concentration, mais..
« Dix » Soupira-t-il, sans qu’il se fut rien passé. Il retomba mollement et se détourna. Eh bien, tant pis. Ça ne serait pas pour cette fois.
Enfin…
« Luo, j’ai froid. Faites moi un câlin »
Y’a des choses qui ne changent jamais, hein.